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Les leçons des luttes syndicales

juin 2010

2 010 confirme l’intensification des
luttes depuis 2007. Des luttes
courageuses sont menées, les
souffrances sont énormes, la colère se transforme
en luttes. La combativité est même
remarquable, alors que n’existent plus ni
parti ouvrier communiste révolutionnaire, ni
centrale syndicale de lutte de classes. Ce
mouvement largement spontané, répondant
aux coups gravissimes portés par le pouvoir
et les monopoles, revêt inévitablement un
caractère hétérogène, reflet de situations
diverses et de la division entretenue par le
patronat, mais aussi par le réformisme des
centrales syndicales.

L’URCF salue toutes ces luttes auxquelles
elle apporte son soutien, et surtout dans ses
formes radicales (séquestration, piquets de
grève, occupation d’usine, réquisition du
matériel, destruction de stocks...), formes
éprouvées et vérifiées par des années de
luttes ouvrières pour construire un rapport
de force supérieur.

Des luttes pour la
défense des salaires se
sont multipliées.

Le 23 avril, des milliers d’employés d’Airbus
ont fait grève pour leurs conditions de
travail, l’emploi et une augmentation de 3,5
% des salaires - contre 1,5% proposés par la
direction patronale -. Le 26 avril, l’intersyndicale
(FO-CGC-CGT-CFDT-CFTC) décide
d’appeler au blocage de la production en
France, ainsi que du déchargement des
avions cargos Belugas qui amènent les tronçons
d’avions fabriqués dans les autres usines
européennes. En 2009, Airbus a atteint
un record de livraisons de 498 unités ! Alors
que 75 % des travailleurs suivent le mouvement
au 3ème jour de grève, alors que la direction
a lâché 1,9%, les syndicats hésitent à
bloquer totalement la production ainsi que
les Belugas, et préconisent la grève tournante
de l’assemblage qui freine mais ne
paralyse pas. Au 5ème jour de grève, le vendredi
30, l’intersyndicale appelle à la reprise
du travail pour des négociations acceptées
par la direction d’Airbus. Le représentant de
la CGC a beau dire : « Ce n’est pas parce
qu’on cesse de bloquer qu’on baisse la pression
 », ça y ressemble beaucoup… Finalement,
le lundi, l’intersyndicale (hormis la
CGT) décide de mettre un terme à ce puissant
mouvement, suite à la proposition de la
direction (2,5 % d’augmentation). On est
loin du compte ! La CGT n’a pas signé
parce qu’il n’a pas été répondu aux revendications
de l’Intersyndicale (rien sur l’augmentation
des salaires planchers et de la
prime d’ancienneté, pas d’embauche des
CDD et des apprentis en CDI, rien sur l’arrêt
des externalisations….).

A la SNCF, le 7 avril, la CGT-Cheminots et
Sud-Rail ont appelé à la grève reconductible
prioritairement pour des embauches supplémentaires
(CGT) et pour l’arrêt des réorganisations
du fret et des restructurations
(Sud). Dès le début, la mobilisation est importante
(40% chez les conducteurs, 42%
chez les contrôleurs). La direction refuse la
négociation et commence la bataille idéologique
anti-grève : « trop de grèves à la
SNCF, mal comprises par le grand public »,
« appel à la raison ». Le PS déclare que la
grève SNCF (qui se renforce à son 2ème jour)
est « insupportable », que cela « coûte 20
millions d’euros par jour… on pénalise les
entreprises ». La lutte s’intensifie, avec des
envahissements de poste de régulation des
gares, et devient au 13ème jour le plus long
conflit depuis celui sur la réforme des régimes
spéciaux de retraites. C’est à ce moment
que les signes de capitulation de la
direction CGT se font sentir par des appels
désespérés à la négociation, en évoquant « le
risque de radicalisation » (dixit un secrétaire
régional CGT). Finalement, la direction
CGT, que la base et la dégradation des
conditions de travail avaient poussée à sortir
des sacro-saintes journées d’action, lance le
signal de la reprise du travail : « On va vers
la suspension de la grève, pour la CGT en
tout cas…, nous sommes sur cette trajectoire
à condition que l’entreprise joue le
jeu » (sic !), affirme Didier Le Reste sur
RMC. La veille, Sud-Rail appelait au renforcement
du mouvement de grève. Dans de
nombreuses régions (Midi-Pyrénées, Rhône-
Alpes, Aquitaine Ile de France…), les cheminots
décident de continuer et, dans d’autres
centres, c’est de justesse que les partisans
de la reprise l’emportent. Le 21 avril,
la CGT acceptera des rencontres bilatérales
avec la direction, piège dénoncé en vain par
Sud-Rail accusé par le ministre Estrosi de ne
pas respecter les droits de l’homme, comparant
la grève au refus de porter secours aux
victimes à Haïti !! Au final, une reprise du
travail provoquée par la CGT, pour des négociations
sans résultat !

De ces deux luttes dans de grandes entreprises
monopolistiques, nous devons tirer les
premiers enseignements utiles à notre
classe : d’abord la force de la classe ouvrière
dans sa capacité à bloquer la production ;
l’absence de réponse et de contre-offensive
aux attaques idéologiques qui déferlent
contre les grévistes et les ouvriers ; l’absence
de lutte générale unifiante qui rompe
avec le corporatisme et l’émiettement maintenu
par la bureaucratie syndicale.

Plus que jamais, il y a nécessité de combattre
les positions capitulatrices des bureaucrates
syndicaux. C’est la voie pour engranger
enfin des victoires significatives pour
notre classe.