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FN : National reaganomics...

avril 2011

... ou la politique de Reagan à la sauce tricolore

Nature du FN

Le FN est un parti bourgeois, héritier du
fascisme et du régime de Vichy. Sarkozy,
au temps de son bonapartisme initial, a
surtout emprunté à l’arsenal néo-pétainiste
(bouc émissaire, rafles, mesures antigrèves).
Paradoxalement, c’est maintenant
Marine Le Pen qui évoque la
« Résistance » ! En réalité, il y a concurrence
sur un créneau identique : fédérer
toutes les droites pour mieux combattre
les luttes de classes et les oppositions à la
casse systématique des conquêtes sociales.
Cependant le FN, à la différence de
l’UMP, représente des secteurs capitalistes
menacés par la « mondialisation ». Le
FN va défendre un programme réactionnaire (au sens étymologique), avec un
retour en arrière impossible au
« capitalisme national ».

Le protectionnisme

« Protéger nos champions industriels.
Contrôle par l’État des entreprises menacées

 ». Si cette proposition, qui ne
concerne que les entreprises françaises et
épargne les monopoles d’autres pays, peut
duper les esprits peu attentifs, elle entre en
contradiction totale avec une autre exigence
du FN : « Diminution progressive
du poids de l’État dans l’économie, qui
doit être mise en oeuvre impérativement
 ».
Nous sommes au coeur du clientélisme du
FN, entre des mesures prônées pour séduire
un électorat populaire (refus des
délocalisations des « champions nationaux
 » - en réalité, politique renforcée
d’utilisation de l’argent public pour défendre
les entreprises françaises délocalisatrices-)
et le fond réel de ce parti, voué à la
défense des secteurs capitalistes acquis au
dogme néolibéral du « moins d’État »,
corde sensible des PME. Des décennies de
révisionnisme ont renforcé les déviations
chauvines ou « étatistes » dans le mouvement
ouvrier. Aux marxistes de rappeler
la nature capitaliste de l’État, que son intervention
signifie toujours la défense des
intérêts capitalistes contre la classe ouvrière,
que protectionnisme et néolibéralisme
servent ces mêmes intérêts de
classe.

Une main d’oeuvre
totalement
réglementée et
corvéable

Dans le droit fil du pillage par Sarkozy du
programme économique du FN, le parti
des Le Pen défend l’allongement de la
durée du temps de travail et de carrière et,
de plus, rendrait obligatoire l’attribution
des emplois disponibles aux chômeurs.
« Réformer le traitement du chômage et le
revenu minimal d’insertion - Promouvoir
la logique d’activité par la création du
RMA (revenu minimal d’activité) (à la
place du RMI)
 ». Ce tour de passe-passe
liquiderait le SMIC, satisfaisant ainsi une
vieille revendication patronale, baisserait
le « coût » du travail, et paupériserait les
couches les plus précaires !

Les mesures les plus réactionnaires
concernent les travailleurs immigrés et les
femmes. Le FN annonce vouloir
« Réserver par priorité aux citoyens français
l’emploi disponible en France
 ». Ce
qui en clair, revient à s’incliner (« emplois
disponibles ») devant le système d’exploitation
qui a besoin en permanence d’une
« armée industrielle de réserve » (Marx).
Simplement, il y a transfert autoritaire de
main d’oeuvre et renaissance du STO
(travail obligatoire). Les travailleurs immigrés
sont à l’origine de près de 20 %
des richesses produites en France ; ils ont
concouru, à des postes difficiles, au développement
de notre pays. Leur expulsion
engendrerait des mesures de rétorsion (2
millions de Français travaillent à l’étranger)
et affaiblirait encore plus le tissu économique
du pays. Les ségrégations prônées
par le FN visent à diviser la classe
ouvrière selon les appartenances nationales
ou ethniques ; elles renforceraient la
mainmise du Capital sur la classe ouvrière.
Concernant les femmes (85 %
d’entre elles sont des salariées), le FN
défend les opinions les plus rétrogrades en
prônant un revenu parental pour fixer la
femme au foyer, comme gardienne de la
« natalité française ». Ces mesures, outre
la négation réactionnaire du droit des femmes
à se diriger elles-mêmes, entraîneraient
une paupérisation massive, puisque
les familles les plus modestes ne disposeraient
que d’un salaire unique, d’où la
baisse de la consommation populaire et le
renforcement de la crise de surproduction.

« Contre l’Europe »

Le FN critique l’UE au nom d’un impérialisme
français prétendument lésé, et non
pas, contrairement à l’URCF, comme
structure des grands groupes du Capital
financier conduisant une politique antiouvrière
et antipopulaire. Nous communistes,
combattons l’UE comme cartel des
monopoles et expression de la dictature du
Capital ; le FN la critique comme
« excroissance supranationale ». La critique
FN de l’UE s’accommode des institutions
existantes, dont il suffirait d’inverser
la logique de fonctionnement ; à l’instar
des formations social-réformistes, le FN
préconise que « La Banque centrale européenne
encourage le plein emploi et la
croissance ». Puis le FN préconise le
« retour au franc », mesure illusoire pour
les travailleurs, puisque dans le cadre du
capitalisme, elle alimenterait l’inflation, la
spéculation et aboutirait à une politique
d’austérité accentuée. Pour les communistes
de l’URCF, la sortie de l’Euro ne peut
se faire que sur la base de la rupture d’un
ou de plusieurs pays avec l’UE, rupture
également avec la politique capitaliste de
l’UE. De même, le « rejet du pacte de
stabilité », évoqué par le FN « pour pouvoir
investir dans des services publics »,
vise à duper. La politique de reconduite
aux frontières nécessiterait une hypertrophie
des appareils répressifs et de
contrôle ;ce sont ces services-là que défend
le FN. Pas l’école publique, puisque
le FN recommande la « liberté de choix
scolaire » (eux qui se prétendent les défenseurs
de la laïcité !), la diminution des
postes de fonctionnaires et la suppression
des zones d’éducation prioritaire, réalisée
d’ailleurs par Sarkozy.

Le programme économique du FN constitue
un leurre, puisque les bases matérielles
du capitalisme national ont été dépassées
par le développement du stade impérialiste.
Derrière la démagogie nationaliste, il
y a le choix affirmé d’une politique de
contrainte extra-économique par l’État
capitaliste (travail obligatoire), de concurrence
tous azimuts de la main d’oeuvre, de
racisme définissant des boucs émissaires,
de renvoi des femmes au statut médiéval.
Il s’agit d’une politique capitaliste néolibérale
totalement dérèglementée, policière,
de soumission du prolétariat au pouvoir
du Capital. Le tricolore ici n’est que le
masque de la politique de Thatcher ou de
Reagan. Mêmes causes, mêmes effets, ce
néolibéralisme sans rivages aboutirait à
renforcer la crise et le cancer financier.
Derrière la démagogie et les références au
« peuple » se cache l’idéologie fasciste
chauvine, dont nul n’ignore qu’au service
du capitalisme, elle broie les intérêts et
revendications ouvrières et, dans le cas de
la France, liquide les intérêts nationaux au
profit de l’impérialisme dominant !

1. La politique économique reaganienne repose sur
les réductions massives d’impôts et de dépenses
sociales , qui, combinées avec une forte augmentation
des dépenses militaires, aboutissent à un
énorme déficit budgétaire.