Accueil > France > Années 2012 - 2013 > LE PROGRAMME DE HOLLANDE : LE CAPITAL EN REDEMANDE !

LE PROGRAMME DE HOLLANDE : LE CAPITAL EN REDEMANDE !

lundi 9 avril 2012

Suite à la mise hors circuit
du candidat président
du FMI-affameur des peuples,
c’est Hollande que le
PS présente à l’élection
présidentielle dans le but
d’appliquer l’austérité de
gauche.

Le rôle du PS dans le mécanisme
d’alternance entre droite et social-libéralisme
est traditionnellement
de faire passer plus en
“douceur” (on se souvient des 35h
avec l’annualisation du temps de
travail et le blocage des salaires, les
privatisations, la suppression de 100
000 lits d’hôpitaux...) les mesures
réactionnaires que la bourgeoisie a
élaborées dans les conseils d’administration
des entreprises et les
groupes de pression et de réflexion
(le Siècle, la Table Ronde des Industriels
Européens, l’Institut de Relations
Internationales et Stratégiques,
organisme “scientifique” lié au complexe
militaro-industriel où se côtoyaient
il y a quelques années Hollande
et Sarkozy qui en ont été administrateurs),
et bien d’autres.

Avec la crise, il n’est plus question
pour le Capital
d’accorder des
concessions et des
réformes sociales
en compensation
de ses mesures
antipopulaires.
Comme les principaux
candidats,
Hollande reconnaît
et s’appuie sur la
dette pour faire
payer les travailleurs ;
seule diffère
entre eux la manière
de le faire.
Ceci explique le
caractère prudent de ses engagements,
avant que ne commence ces
dernières semaines la surenchère
démagogique avec Sarkozy (sur la
taxation des revenus du Capital, des
exilés fiscaux...). Dans la brochure
contenant ses 60 engagements pour
la France, on retrouve l’essentiel des
dogmes du Capital que la gauche a
fait siens : défense de la compétitivité
des entreprises, aide aux PME-PMI,
soutien à un soi-disant capital
productif et créateur de richesses et
d’emplois contre la finance et la
spéculation. Or, le capital financier,
que Lénine décrivait dès 1916 dans
son ouvrage L’impérialisme, stade
suprême du capitalisme, ne consiste
pas en une branche spéculatrice qui
serait séparée du capital industriel.
C’est au contraire la fusion de celui-ci
avec le capital bancaire. Tous les
monopoles industriels et commerciaux,
quel que soit ce qu’ils produisent
ou ce qu’ils vendent, sont liés à
une ou plusieurs banques que parfois
ils possèdent, à des fonds d’investissement
dans lesquels ils placent
leurs profits, sans oublier l’État
capitaliste. Si le gonflement de la
bulle spéculative au détriment de la
production est un élément de la
crise, cela signifie seulement que les
monopoles préfèrent détruire du
capital constant (machines, usines...)
pour augmenter leurs profits en
transférant la production vers la
sous-traitance, à l’étranger... Pour
que la bourgeoisie ait intérêt à réindustrialiser
méthodiquement le
pays, il faudrait que le niveau des
salaires des travailleurs de France
s’aligne sur celui de leurs frères
marocains, indiens...
Hollande promet ainsi la création
d’une banque publique d’investissement,
l’accent étant mis sur le développement
régional (c’est-à-dire
dans le droit fil de l’Europe des
régions, qui seront mises en concurrence
et rendront impossible un
développement quelque peu planifié).

Le cap sur la construction européenne,
avec l’émission d’euro-obligations
censées contribuer à la
réindustrialisation, est en effet maintenu,
les engagements de Hollande
à renégocier le « Traité de stabilité
budgétaire » visant seulement à
renforcer la position de l’impérialisme
français face à l’Allemagne. Il
promet la réduction du déficit public
à 3% en 2013 (c’est Maastricht)
en revenant sur les cadeaux fiscaux
aux plus aisés, sans bien sûr toucher
aux profits.

On ne trouve pas de nationalisation
dans ses engagements ni dans
ses discours, ce créneau étant laissé
(de façon très limitée) à son camarade
Mélenchon. On retrouve par
contre les projets du Capital en matière
d’environnement, par la réduction
de 75% à 50% de la part du
nucléaire dans l’électricité (p.28), le
respect des engagements du pays
sur la réduction des gaz à effets de
serre, discours culpabilisant la population
qui consommerait trop et
justifiant la désindustrialisation de
la France, à commencer par les projets
de liquidation des centrales
nucléaires.

Du côté des retraites, le PS propose
la possibilité de départ à 60
ans... pour ceux qui auront cotisé
41,5 ans, c’est-à-dire très peu de
monde [250 000 personnes]. Donc
on ne revient pas sur la contreréforme
de Sarkozy. Du
côté du logement, c’est
l’encouragement à l’accession,
“sociale” ou
non, à la propriété, qui
enchaînera encore plus
les travailleurs et leurs
familles, ne laissant
qu’un tiers aux logements
à loyer modérés
(en attendant qu’ils
soient vendus par les
organismes pour financer
leur trésorerie). On
voit que rien ne diffère
fondamentalement de la
politique de la droite.

L’austérité pour les collectivités
locales est aussi confirmée, puisque
la décentralisation (p.35) se poursuivra
et qu’un pacte garantira le niveau
des dotations “à leur niveau
actuel” (!). L’autonomie des communes,
en échange d’une plus
grande responsabilité, signifie l’application
à l’échelle locale du Traité
européen qu’il fait mine de critiquer,
et qui les contraindra à gérer
la crise et la misère jusqu’à leur mise
en faillite.

Hollande promet également le
retrait des troupes d’Afghanistan
envoyées par Jospin (p.37), processus
de retrait entamé par Sarkozy
face auquel il serait risqué de se
montrer plus à droite. La rupture
avec la Françafrique est promise
dans l’article suivant, engagement
comparable à celui de chaque nouveau
président d’interdire les écoutes
téléphoniques. Pas de retrait de
la France de l’OTAN bien sûr.

Derrière l’alternance gauche-droite
se cache de plus en plus difficilement
la continuité d’une politique
visant à renforcer la dictature
du Capital et à faire payer la crise
du système par les travailleurs. Le
PS, majoritaire au Sénat, dans les
régions, administrant de nombreuses
communes, souvent en collaboration
avec ses camarades PCF et
écologistes, a toujours accompagné
et appliqué les contre-réformes du
pouvoir. L’objectif de chasser ce
parti du mouvement populaire est
plus que jamais d’actualité. Pour
cela, il faut aussi dénoncer la démagogie
de ceux qui ont lié leur sort au
PS pour des raisons électorales et
qui s’apprêtent à gouverner avec lui
contre les travailleurs, comme ils
l’ont fait sous Jospin.