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France : au lendemain des législatives (analyse de l’URCF)

mardi 19 juin 2012

Le second tour des élections législatives confirme et amplifie les résultats du premier.

L’élément marquant en est le taux d’abstentions record pour ce type d’élection : près de 43% au premier et 44 au second, auquel s’ajoutent les blancs et les nuls. Cela ne saurait s’expliquer par des raisons « techniques ». L’absence de débats politiques, la réduction de la campagne à des thèmes localistes, le consensus de fait sur les questions essentielles entre les deux facettes de la même politique, celle du Capital monopoliste et financier, que sont l’UMP et le PS, sans oublier Europe – Ecologie - les Verts, expliquent cette prise de position politique, n’en déplaisent aux professeurs de Sciences - Po. Il suffit de constater que 60% des électeurs des familles gagnant moins de 1200€ par mois ne se sont pas dérangés. Et la crise de confiance touche aussi les couches intermédiaires, puisque les électeurs des familles dont les revenus sont au-dessus de 4500€ se sont tout autant abstenus.

Les politiciens de l’UMP ont subi une défaite sévère, confirmant le rejet de Sarkozy. Cependant, la montée du FN, son clair ancrage cette fois-ci, malgré les contorsions verbales de sa leader, dans ce qu’il est convenu d’appeler la droite, et sa volonté de participer à la recomposition de cette dernière sur une base plus réactionnaire encore, sont inquiétantes face à l’absence d’une force politique proposant une alternative politique réelle.

Le succès du PS et de ses épigones ne saurait faire illusion : il s’agit, comme aux présidentielles, pour une large part d’un vote par défaut. Sa politique est plus ou moins perçue non pour ce qu’elle prétend incarner (le changement), mais pour ce qu’elle va être sous l’injonction de l’Union Européenne, du FMI et de l’oligarchie financière française : une politique visant à la baisse des salaires, à la réduction des services publics avec quelques aménagements pour faire passer la potion, et une remise en cause des droits sociaux qui restent. Et ce n’est pas parce que la forme sera sûrement différente du quinquennat précédent, que le contenu en sera changé.

Les mesures, pourtant à visée électoralistes, plus ou moins annoncées jusqu’à présent, en témoignent : pas de remise en cause de la destruction du système des retraites, pas d’augmentation du pouvoir d’achat, une réforme fiscale dont on ne connaît pas les contours, un discours pro UE qui laisse à penser que les effets de manches vont faire place à des alignements en fonction des intérêts du grand Capital. Quant à la politique étrangère, il en ressort que l’armée française n’abandonnera que partiellement l’Afghanistan, au nom des engagements précédents, qu’il est non seulement hors de question de sortir de l’OTAN, mais qu’au contraire le gouvernement, qui apporte son aide multilatérale aux forces réactionnaires de Syrie, piaffe d’impatience pour une opération militaire criminelle contre la Syrie, voire contre l’Iran, tandis que toutes les bonnes raisons sont trouvées pour soutenir la puissance la plus dangereuse, la plus criminelle du Moyen Orient, l’Etat d’Israël, ainsi que les Etats arabes les plus réactionnaires comme le Qatar et le Bahreïn ! Enfin il y a de quoi s’inquiéter de voir promu au ministère de l’Intérieur Manuel Valls, dont les discours, comme les pratiques en tant que Maire d’Evry, ne le distinguent que fort peu de Claude Guéant ! Bref pour paraphraser un roman célèbre (le Guépard) : il faut que quelque chose change pour que rien ne change.

Et rien ne va changer dans ce qui touche au plus profond de la vie des travailleurs et de leurs familles, si ce n’est par la lutte pour renverser ce régime obsolète qu’est devenu le capitalisme !

Le Front de Gauche subit une sévère défaite au regard, non seulement des résultats précédents du PCF, mais plus encore du résultat aux présidentielles du Front de Gauche. Sans l’approbation du PS, il ne pourra pas former un groupe. C’est là le résultat d’un manque de définition politique voulu vis-à-vis des masses populaires et de la classe ouvrière, que l’URCF avait dénoncé dès les Présidentielles : le FG participe du consensus sur l’UE, comme une réalité irréversible, niant son caractère de classe et le caractère systémique de ce cartel d’Etats impérialistes, militairement inféodé à l’OTAN, uni contre la classe ouvrière de chaque pays et les peuples, tout en étant déchiré par des contradictions qui vont s’aiguisant entre ses deux chefs de file, les impérialismes allemand et français. Après la social-démocratie depuis l’origine, reprendre le slogan démagogique de l’« Europe sociale » sur l’air des lampions, ne témoigne de rien d’autre que de la volonté de camoufler le prolongement de la dictature de classe de l’Etat de la bourgeoisie monopoliste au niveau continental ! C’est ce dont témoignent les déclarations sur la défense de l’Euro et sur la prétendue proposition « de mettre la Banque Centrale Européenne au service de l’emploi et du progrès social » qui atteint les sommets de l’indécence politique. On ne peut prendre les travailleurs pour des imbéciles impunément ! Et dans le même temps, pas un mot sur la nationalisation des monopoles et des banques, pas même les privatisés des quinze dernières années, en particulier sous le gouvernement Jospin. Même la revendication d’une Constituante pour une sixième république n’est pas envisagée autrement que dans le cadre politique existant. Alors qu’il s’agit d’un objectif essentiel politiquement, qui ne peut être envisagé que par une mobilisation populaire s’appuyant sur des Comités dans les entreprises et dans les quartiers, qui permettent d’allier la démocratie directe à la démocratie représentative, et dont l’objectif est de porter un coup à l’appareil de domination des monopoles et de l’oligarchie financière, on se contente de nous proposer finalement un organisme technocratique pour redisposer le cadre politique de la dictature de la bourgeoisie en faisant plus de place à … la petite bourgeoisie. En réalité, le Front de Gauche, appuyé par le Parti de la Gauche Européenne dont il est un des piliers et dont le financement est assuré par l’UE en échange du renoncement à tout projet révolutionnaire et à l’histoire du mouvement communiste, se révèle une opération destinée à freiner, entraver, et dévoyer la renaissance d’un mouvement communiste permettant à la classe ouvrière de réaliser sa tâche historique : la révolution socialiste, qui renversera le capitalisme et établira le socialisme, première étape du communisme !

Pour ce faire, il est nécessaire que les travailleurs conscients, les organisations communistes s’unissent dans l’action contre le capitalisme pour aller vers la reconstruction de ce qui fait cruellement défaut, un parti révolutionnaire, avant-garde de la classe ouvrière et des masses populaires. Ce Parti, sur la base de l’analyse scientifique des réalités, grâce au Marxisme-Léninisme, et de l’internationalisme prolétarien, unira la classe ouvrière au mouvement communiste international, et ouvrira les perspectives de réels changements politiques.

Au moment où le capitalisme fait étalage de son impuissance à surmonter sa crise et à relever les défis contemporains, les perspectives politiques ne peuvent se définir qu’en relation avec le contenu de notre époque, celle du passage du capitalisme au socialisme vers le communisme.

C’est aussi la nécessité de faire renaître un mouvement syndical de lutte de classe pour organiser la défense des salariés contre les mauvais coups qui se profilent, et d’en finir avec les syndicalistes bureaucrates qui sont prêts à toutes les capitulations pour une poignée de lentilles et pour défendre leur position sociale.

Plus que jamais la classe ouvrière et les masses populaires doivent se convaincre que l’on ne peut gagner que les combats que l’on mène. La lutte sera rude, peut être longue, mais c’est le seul chemin pour en finir avec le capitalisme en crise et préparer l’avenir de l’humanité.

L’URCF entend mener ce combat et appelle les ouvrières et les ouvriers, les intellectuels, la jeunesse, les travailleurs indépendants, à la rejoindre.

Paris, le 18 juin 2012