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Analyse de la politique de Sarkozy

2008

LE PROCESSUS DE LISBONNE,

INSPIRATEUR DU PROGRAMME DE SARKOZY.

La toile de fond de la stratégie de Sarkozy se trouve dans les décisions du sommet de Lisbonne (2000).

Allongement des carrières, attaques contre les pré-retraites, restrictions accrues contre les droits des chômeurs afin qu’ils acceptent n’importe quel « petit boulot », multiplication des emplois précaires et intérimaires, tout cela résulte de la stratégie monopolistique fixée à Lisbonne.

C’est à ce sommet que les multinationales et leurs gouvernements ont fixé la stratégie générale de l’UE jusqu’à 2010 pour arriver à « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde ».

Sommet qui réunissait alors 13 chefs d’Etat ou de gouvernements sociaux-démocrates ( Chirac et Jospin signeront pour la France) sur les 15 représentés.

Occasion de rappeler que le néo-libéralisme est bien le programme commun des partis conservateurs ou réactionnaires et des partis sociaux-démocrates. Cela explique le ralliement de cadres importants du PS à Sarkozy.

N’en déplaise aussi qui s’accroche à la vue d’un « moindre mal » ou une option d’opposition que constituerait la politique social-libérale.

La Table Ronde des Industriels Européens qui est la véritable source du pouvoir dans l’UE, a alerté les divers gouvernements sur les retards inquiétants dans l’application des décisions du sommet de Lisbonne.

Tout d’abord, ces dernières années, des grèves et manifestations en France, Allemagne, Belgique, Italie ont pris pour cible la directive Bolkensten, la flexibilité, l’allongement du temps de travail, la précarité croissante des emplois.

Deux pays ont rejeté par consultation référendaire le projet de traité Constitutionnel européen (TCE) : Pays-Bas et la France, c’est-à-dire deux pays fondateurs et piliers de la construction européenne capitaliste.

La commission de Bruxelles par l’intermédiaire de son président Barroso, a rappelé que sa mission était de faire appliquer les décisions stratégiques de Lisbonne.

L’objectif est donc à partir du contrôle de la politique de chaque membre de l’UE, de critiquer et d’accélérer si nécessaire cette application vitale pour les intérêts des monopoles, c’est-à-dire la politique néo-libérale de déréglementation totale des conditions de vie et de travail.

Les grands groupes forts de leur possession capitalistique des moyens d’information, ont lancé une offensive idéologique visant à convaincre l’opinion publique, du bien fondé du programme de Sarkozy, des mesures néo-libérales, présentées comme solution aux maux dont souffre le pays.

Les mesures prises immédiatement par Sarkozy, constituent une rupture avec la politique simplement conservatrice de Chirac qui avait misé sur la victoire de son camp au référendum, pour inscrire le pays dans le libéralisme intégral prôné par le TCE et le « processus de Lisbonne ».

L’exécutif de Chirac craignait visiblement la peur des mouvements de grèves et de rue. La victoire ayant conduit à l’abrogation du CPE (application des directives de Lisbonne), a conduit le pouvoir à manœuvrer (relativement) en recul.

Sarkozy victorieux, fort d’une campagne tous azimuts, pense être en mesure de déclencher l’offensive pour introduire le libéralisme intégral dont le capitalisme a besoin pour maximaliser ses profits.

Sa stratégie de globalisation des réformes, conduites à la hussarde, obéit à la nécessité pour le capital financier en France, de combler le retard pris dans son objectif de classe : le remodelage réactionnaire de la société, dans tous les domaines.

La campagne outrageusement démagogique de Sarkozy, son succès, peuvent laisser accréditer l’idée que les travailleurs français sont prêts à absorber la potion amère néo-libérale.

Les mesures présentées par Sarkozy, loin de présenter une quelconque originalité, a fortiori créativité, sont le simple calque des décisions et orientations stratégiques prises au sommet de Lisbonne.

La décision d’allonger le temps de travail que ce soit en reculant l’âge de départ en retraite, en mettant fin aux « régimes spéciaux », en multipliant les heures supplémentaires sont au cœur du dispositif de Lisbonne.

Les déclarations scandaleuses de l’actuel président sur les « assistés », l’apologie de la « France qui se lève tôt » visaient à préparer les esprits aux attaques prévisibles contre le RMI, voire sa suppression au profit du revenu social d’insertion (RSA) qui consistera à imposer n’importe quel job, sous peine de perdre ses allocations.

Idem pour les autres mesures de Sarkozy : le contrat unique de travail, la concurrence entre travailleurs pour l’emploi, la levée des restrictions juridiques pour faciliter les licenciements, la « flexi-sécurité » font partie organique, également, de la stratégie de Lisbonne.

Le mandat fixé à Sarkozy par les monopoles est le suivant : doter l’impérialisme français des moyens de réalisation du processus enclenché en 2000 et confirmé par le sommet de Barcelone.

L’objectif central du capital financier est que la France dans l’UE, devienne un pôle de compétitivité, afin de conquérir de nouveaux marchés et de combler le retard sur le rival allemand.

Les premiers signes du pouvoir sur l’arène internationale, laisse deviner la recherche d’une nouvelle alliance avec l’impérialisme britannique, permettant à l’impérialisme français d’échapper à l’axe franco-allemand ou à rechercher une politique de bascule mettant paris au centre.

Le rapprochement avec Londres va-t-il constituer un pas significatif vers l’euro-atlantisme ?

Sarkozy va-t-il choisir cette option, faisant de l’UE, un simple appendice de libre-échange de l’aire d’influence US, en jouant les premiers violons ? La nomination du très atlantiste Kouchner, partisan de la guerre US contre l’Irak, renforce cette hypothèse.

Au stade actuel, nous ne pouvons que constater certaines prémisses de cette politique dont les conséquences seront aussi négatives pour les travailleurs, en y ajoutant le risque d’engrenage dans la politique belliciste de Washington.
La stratégie économique des monopoles européens et de l’UE. (le sommet de Lisbonne)

« L’Union s’est fixé un nouvel objectif stratégique pour la décennie à venir : devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » (déclaration de Lisbonne pour la période 2000-2010).

L’objectif est bien la « compétitivité », rejeté par les électeurs lors du référendum, mais fil rouge de tous les documents programmatiques de l’UE. C’est la recherche du maximum de profits pour le capital monopoliste.

« Accroître l’offre de main d’œuvre ».

Les termes employés par les capitalistes sont piégés. Il s’agit en réalité pour l’UE non d’augmenter le nombre de salariés ayant un emploi effectif, nullement de s’attaquer au chômage de masse, mais d’augmenter l’offre de main d’œuvre disponible sur le marché du travail.

Expliquons-nous, pour la classe des capitalistes, il est important de former ce que Marx appelait une importante « armée industrielle de réserve » avec les personnes privées d’emploi.

La formation de cette armée industrielle de réserve va accroître la concurrence entre salariés sur le marché du travail, pour l’obtention d’un emploi.

Ainsi, le capitaliste peut faire baisser le prix de vente de la force de travail, obliger les plus précaires et miséreux à accepter n’importe quel emploi, bassement rémunéré.

La Grande-Bretagne de Blair est le pays où Lisbonne a été appliquée avec le plus de brutalité.

On est donc en présence de travailleurs, sortis des statistiques officielles du chômage qui poussés par l’absence de droits, acceptent de travailler une heure par jour, ou une semaine par mois !

Le sommet de Lisbonne a fixé à chaque Etat, l’objectif de réaliser les réformes adéquates pour le retour à l’emploi des « seniors » (55-65 ans).

De même, le capital monopoliste appelle à renforcer la main d’œuvre disponible de « 15 à 65 ans » !

Pourquoi « 15 ans », alors que dans plusieurs Etats de l’UE, la scolarité est obligatoire de 16 à 18 ans ?

Le gouvernement Villepin a fourni la réponse cynique et pratique en ouvrant l’apprentissage dès l’âge de 14 ans. Sarkozy a annoncé l’application de cette décision. Toutefois, ne va-t-il pas reprendre d’une main ce qu’il a rejeté de l’autre ?

Les peines de prison accessibles dès l’âge de 16 ans (loi Dati) peuvent favoriser le recours au travail forcé moyennant la pression pour être libéré.

L’offre de main d’œuvre accrue, il y aura davantage de candidats pour un poste d’où l’individualisation renforcée des situations.

« Je veux montrer que la solution pour gagner plus est individuelle, pas collective » (N. Sarkozy).

Les marxistes savent que cette individualisation est une arme redoutable dans les mains du patronat, au détriment de l’action collective de la classe ouvrière politique et syndicale.
Les privatisations

Autre corollaire du sommet de Lisbonne, c’est le parachèvement du processus de privatisations enclenché dans tous les Etats de l’UE, véritable dogme néo-libéral, avec l’ouverture des marchés et la fin des monopoles publics.

Ce thème a été relativement peu présent dans la campagne de Sarkozy. La raison découle du fait que le capital monopoliste, à cet égard peut se féliciter du zèle du gouvernement de « gauche plurielle » qui a pulvérisé les records de privatisation.

Toutefois, l’ouverture à la concurrence du secteur électrique, la mise en place de concurrents privés de la Poste confirment l’entrée dans la dernière ligne droite du champ des privatisations.

Le déficit budgétaire renforcé par les cadeaux fiscaux à 400 000 contribuables (l’oligarchie) va exiger du pouvoir de l’argent frais qu’il trouvera dans la vente des entreprises publiques, financées de puis des années par tous les salariés, ce qui constitue une nouvelle spoliation et participe de la baisse réelle du pouvoir d’achat.

Ajoutons que la marchandisation de tous les secteurs d’activité, autre dogme néo-libéral, va toucher l’Université française et renforcer l’action de la loi de rentabilité financière concernant la recherche publique (« publique » pour combien de temps dans l’esprit des gouvernants ?).

Pour créer « l’économie de la connaissance la plus compétitive », le capital financier mise sur la subordination étroite des Etablissements supérieurs aux monopoles et à leurs intérêts étroits et immédiats de profit.

L’autonomie financière et de recrutement des universités, mise en place par Sarkozy et son gouvernement ne pourra être assurée par la seule hausse des frais d’inscription et de services qui ont déjà atteint des sommes très importantes contribuant à paupériser les étudiants de milieu modeste.

Les facultés vont donc rechercher des « sponsors », parmi les grandes entreprises, sous couvert de « partenariat ».

Ces université « Coca Cola » ou « Lagardère » déclineront un enseignement maison où le « savoir-faire » cher à l’UE sera strictement instrumentalisé pour répondre aux seuls besoins de l’entreprise. Ainsi, naîtra « l’économie de la connaissance » pour favoriser la « mobilité », « l’adaptabilité » (vocabulaire du processus de Lisbonne) des futurs salariés, en somme corvéables et soumis !

Corollaire inévitable de cette privatisation réelle de l’enseignement supérieur, les reculs verbaux de Mme Pécresse chargée de ce secteur dans le gouvernement sur la « non sélection », ne seront pas suivis d’effets.

La sélection portera sur les critères financiers qui écarteront toujours plus les rares jeunes issus des milieux populaires.

Notons aussi, le consensus du PS sur l’autonomie des universités (d’ailleurs revendiquée par S. Royal durant sa campagne). La critique ne porte que sur les modalités d’application.
La protection de l’environnement

Pour faire le bilan de l’application des décisions stratégiques de Lisbonne, des commissions ont été mises en place (bien sûr non élues), présidées par Wim Kok : social-démocrate, ancien dirigeant syndical néerlandais mais par ailleurs administrateur des groupes ING, Royal Dutch/Shell.

Voici une de ses conclusions :

« Le respect de l’environnement devrait en effet demeurer une composante importante de la stratégie, étant donné qu’il peut constituer à la fois une source d’avantages concurrentiel sur les marchés mondiaux et accroître la compétitivité »

Il est piquant de voir un administrateur d’un trust pétrolier se soucier de l’environnement !

Nous avons là, la quintessence de la vision « écologiste » des monopolistes. La protection de la nature n’intervient qu’en tant que moyen de réaliser le maximum de profits, d’écarter les concurrents, de satisfaire la stratégie de Lisbonne.

Durant la campagne, tous les pré- candidats et candidats ont surenchéri sur la protection de la planète. S. Royal proposait de créer des centaines de milliers d’emploi ( !?) afin de lutter contre les nuisances, les pollutions, les menaces écocides. Tous ont signé la charte de Nicolas Hulot. Tous ont proposé que le « numéro 2 » du gouvernement détienne la charge de l’environnement

Sarkozy élu a désigné Juppé, puis après son revers électoral, Borloo. Mais on est fixé sur l’objectif fixé (application du processus de Lisbonne) : favoriser la compétitivité afin d’acquérir des nouveaux marchés, en intégrant la protection de l’environnement comme source de rentabilité dans la concurrence avec les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde.
La flexibilité.

L’augmentation de la main d’œuvre disponible sur le marché du travail, passe en période cde crise, par la généralisation de la flexibilité.

L’économiste marxiste Henri Houben, dans une étude très documentée sur le processus de Lisbonne montre que depuis 1991, 12,7 millions d’emplois ont été crées dans les Etats membres de l’UE.

90 % de ces emplois, soit 11,4 millions l’ont été à titre de temps partiel.

Cette flexibilité a surtout été le lot des pays suivants : Espagne (30 % des emplois crées dans l’UE), France (15 %), Italie (12 %), Pays-Bas (12 %), Grande-Bretagne (9 %).

En France, la moitié des emplois crées sont non seulement précaires par leur durée mais à temps partiel. Et pendant ce temps, le MEDEF se plaint des « 35 h ».

Sarkozy semble-t-il, à la lecture des premières mesures, veut s’inspirer à la fois de l’Allemagne et des pays nordiques qui ont supprimé des emplois (- 250 000 pour l’Allemagne) tout en suivant les directives de Lisbonne.

Son annonce de la suppression de 250 000 postes de fonctionnaires peut déboucher sur la création d’emplois temporaires et précaires.

Voici les « recommandations » (2000-2004) (on n’ose pas dire Diktats) émanant de la Commission de Bruxelles. Cela permet de mesurer ce qui reste à accomplir pour l’équipe Sarkozy.
Abaisser la fiscalité sur le travail :

2 recommandations, les premières mesures prises par Sarkozy de cadeaux fiscaux au capital s’inscrivent dans la stricte application de ces « recommandations », un seul bémol inquiète Bruxelles, l’envolée prévisible d’un déficit public déjà considérable.

§ activation des chômeurs : 4 recommandations (Sarkozy s’est livré à une campagne de discrédit sur les « assistés », les opposant démagogiquement à « la France qui se lève tôt ». Les monopoles veulent s’attaquer au RMI et prônent le Revenu Social d’Activité (RSA), c’est-à-dire, l’obligation d’accepter n’importe quel emploi précaire, payé en-dessous du SMIC.

Décourager les pré-retraites : 5 recommandations, rappelons qu’actuellement près de la moitié des salariés de plus de 55 ans entrent dans ce dispositif, alors que parallèlement, le chômage des jeunes est l’un des plus élevé dans l’UE. Le sommet de Lisbonne prône un allongement de la carrière de tous les salariés. En Allemagne, le départ légal en retraite a été porté à 67 ans, à 66 ans en Grande-Bretagne. L’écart entre la loi et la réalité sociale, en Allemagne , les salariés en moyenne quittent leur emploi à 60 ans en moyenne est le produit de la généralisation des cotisations complémentaires aux assurances et fonds de pension.

Malthusianisme oblige, l’Europe du capital est effrayée des progrès de la longévité et ne veut plus « entretenir » autant de pensionnés qu’elle considère comme un « coût ».

Le sommet européen de Barcelone (mars 2002) a appelé les Etats à retarder de 5 ans l’âge légal du départ en retraite.

La loi Fillon a rallongé cette durée de 2 ans ½. En 2008, le gouvernement envisagera probablement le passage de 40 à 42 ou 43 annuités (dès 2010 ou 2012 ?) afin de satisfaire les desiderata des monopoles.

C’est là un moyen plus encore de baisser les revenus des retraités sommés de choisir entre partir en pleine possession de leurs moyens et donc payer des cotisations supplémentaires à des intérêts financiers privés.

L’UE encourage les réductions de cotisations sociales pour les patrons des entreprises qui emploient les séniors de plus de 60 ans et même de 65 ans ! Toujours le processus de Lisbonne qui vise à augmenter la masse des salariés sur le marché du travail. C’est un impératif catégorique pour le Capital afin de satisfaire ses profits et la stratégie de compétitivité.

Le taux général de l’emploi des 15-65 ans a été fixé à 70 % d’ici 2010. La Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont déjà atteint cet objectif. La France atteint les 63 %, principalement parce que les plus de 55 ans sont « sous-employés » aux yeux des capitalistes.

37,3 % sont enregistrés sur le marché du travail. Nous avons là une des contradictions auxquelles se heurtent les monopoles et les PME. Les salariés âgés sont les mieux payés, c’est la raison pour laquelle le Capital licencie en priorité les plus de 50 ans.

Le pouvoir sera donc mandaté pour supprimer progressivement les pré-retraites et imposer aux seniors des emplois sans prise en compte de l’ancienneté.

Le différentiel entre l’ancienne et la nouvelle paye pourrait être assuré par le projet de « sécurité sociale professionnelle » et financièrement ne serait plus du ressort du patron mais des cotisations publiques. Encore un moyen de pressurer le salaire réel des travailleurs.
Moderniser l’organisation du travail et la flexibilité

Au passage, saluons l’euphémisme de la « modernisation », il s’agit en clair d’aggraver les conditions de travail et de surexploitation par le recours renforcé à la flexibilité.

Le gouvernement Villepin en avait fait un de ses chantiers prioritaires avec le CNE et le CPE.

Ce dernier dispositif a eu le sort (mérité) que l’on connaît. Nul doute que le pouvoir va chercher d’autres moyens pour introduire la flexibilité. Le recours aux « heures supplémentaires » y compris pour les temps partiels est l’une des clés proposée pour satisfaire les intérêts du Capital, puisque cela pose la possibilité d’allonger le temps de travail sans accorder le plein emploi.
Assurer la participation des syndicats

Cette « participation » vise bien sûr à intégrer les directions syndicales aux choix des monopoles, à s’en faire les relais dans le monde du travail. En France, le « syndicalisme d’aménagement » a été renforcé par l’appartenance à la Confédération européenne des syndicats (CES). Sarkozy veut relancer le « partenariat social » qui vise à consulter les syndicats de façon à ce que ces derniers rejettent globalement les projets gouvernementaux et patronaux, de manière à ce qu’ils aménagent simplement les futures lois réactionnaires.
Maintenir la pression sur les salaires

La France depuis plusieurs décennies est régulièrement félicitée par la Commission de Bruxelles pour sa politique d’austérité salariale. L’insignifiante hausse du SMIC par le nouveau gouvernement participe de cette politique.

Depuis 1985, le pouvoir d’achat des travailleurs – en argent constant – a baissé de 20 à 30 %. Le recours aux heures supplémentaires peut faire illusion dans certaines catégories pour masquer la misère.

La grève victorieuse des ouvriers de Kronenbourg contre les « heures supplémentaires imposées », celle des PSA pour une hausse générale des salaires de 300 euros par mois, l’exigence d’un SMIC à 1 500 euros tout de suite montre que la question des salaires va être au centre du dispositif des luttes de classes en France.

L’heure du combat pour refuser l’austérité salariale a sonné. Les cadeaux fiscaux à l’oligarchie financière, le montant des parachutes dorés montrent que « l’argent existe » pour satisfaire les besoins urgents !

Nous voyons à l’énoncé de ces recommandations de l’UE (en dernière instance des monopoles) quels sont les réels inspirateurs et instigateurs de la politique de Sarkozy.

Le programme de Capital de Sarkozy c’est le thatchérisme à la sauce épicée de Lisbonne !

CONTRIBUTION A L’ANALYSE DES LOIS ET PROJETS DE LOI DE SARKOZY

« Le « projet de loi en faveur du travail de l’emploi et du pouvoir d’achat »

Son postulat de base est de permettre « la relance de l’économie ». « L’augmentation de la durée moyenne du temps de travail est une condition essentielle à la baisse durable du chômage et à l’augmentation de notre rythme de croissance ».

Durant sa campagne, Sarkozy a gagné les suffrages d’une majorité d’électeurs sur la suppression des « charges patronales » pour les « heures supplémentaires ». C’est la stratégie des Reagan et Thatcher visant à favoriser la croissance des revenus financiers et immobiliers du Capital afin, grâce aux privilèges fiscaux de lui redonner confiance en baissant les revenus salariés, en diminuant les dépenses sociales. Or, il est nécessaire pour le mouvement syndical et communiste de rappeler la vérité des chiffres sur le temps de travail hebdomadaire. Durant toute la campagne électorale, Sarkozy a évoqué les « 35 heures » comme une catastrophe nationale, comme la cause unique des bas salaires. Royal une fois de plus, s’est alignée en prônant la préalable renégociation avec les partenaires sociaux.

En réalité, le salarié en France travaille en moyenne 39 heures ! Les « temps partiels » effectuant une moyenne de 36,3 heures.

Dans les Etats voisins, modèles pour Sarkozy, en Grande-Bretagne on effectue 37 heures hebdomadaires, en Allemagne : 33,6 heures.

Qu’aucun progressiste n’ait vraiment pris la peine de répondre à l’argumentation mensongère et démagogique de Sarkozy atteste du caractère particulièrement défensif des candidatures « alternatives ».

La loi sarkozyste va avoir des effets pervers. Pour faire face au « just in time » (production à la commande), le Capital, loin de créer des emplois supplémentaires va multiplier ses pressions pour imposer des « heures sup. » aux salariés non volontaires.

Cette loi constitue une fin de non recevoir aux exigences montantes d’augmentation générale des salaires. Elle vise à aggraver la surexploitation par l’augmentation des cadences, incite les plus mal payés à travailler plus au détriment de leur fatigabilité et vie de famille.
a)- Article 1er du projet de loi :

Le projet « vise à diminuer le coût du travail pour les entreprises qui augmentent la durée du travail de leurs salariés ».

Il s’agit donc bien de renforcer la dévalorisation du prix de la vente de la force de travail. Cette loi va renforcer la productivité à partir des emplois pourvus sur le « marché du travail » conduisant à renforcer l’exclusion accrue des privés d’emploi. Elle ne concernera pas les salariés à temps de travail annualisé (automobile) où certaines semaines la charge de travail est de 48 heurs ! Idem pour le secteur de la restauration, des hôtels où un accord collectif a fixé non à 25 % mais à 10 % de plus la rémunération de l’heure supplémentaire.

Cette loi aura d’autres effets aggravant les conditions de vie. Puisque les salariés dotés d’ « heures sup. » auront des revenus « accrus » que leurs patrons verront leurs « charges » baisser, les prélèvements sociaux vont augmenter pour les salariés.

Toujours dans le registre des cadeaux au patronat, le gouvernement annonce une déduction fiscale supplémentaire pour ceux qui placeront une partie de leur fortune dans le Capital de PME ou à des organismes d’intérêt général.

Cette loi qui prétend s’attaquer au chômage, va guetter à la chasse aux chômeurs, appeler à la délation les ANPE afin de : (nous citons Sarkozy) « débusquer les profiteurs ». L’objectif est d’imposer aux Rmistes n’importe quel emploi avec menaces à la clé de perdre leurs allocations.

Dans le même temps, le patronat aura recours aux RSA afin de faire baisser « le coût du travail » et de contourner le SMIC. Le patron aura latitude pour exercer pressions sur les salaires puisqu’il disposera d’un volet de main d’œuvre disponible à « faible coût » les RSA ou aura recours aux « heures sup. » sans créer d’emplois.

Dans tous les cas de figure, il n’y a pas création d’emplois véritables.

Le gouvernement ose parler de « faveur » vis-à-vis du pouvoir d’achat. Quelle sera la réalité prévisible ? Les cadeaux fiscaux exorbitants à 400 000 foyers vont avoir un prix à payer … par les seuls travailleurs.

On va donc aller vers une hausse générale de la TVA sur les produits de consommation. Fillon évoquait la possibilité d’une augmentation de 5 % afin de payer les cadeaux aux richards.

La TVA est véritablement un impôt de classe, une gabelle moderne puisque le milliardaire et le RMIste paye la même taxe.

Cette politique renforçant les privilèges éhontés de l’oligarchie financière, les rentiers et de tous les détenteurs de capitaux s’accompagne d’une criminalisation des pauvres. La répression accrue des petits délits vise tous les exclus du système sans jamais poser la question centrale de la répression du grand banditisme et des grands trafiquants.

En réalité, le projet de loi va avoir pour conséquences le contraire de ce qui est énoncé, avec la paupérisation absolue pour un nombre croissant de salariés de smicards, de chômeurs aux droits toujours plus restreints.

Le pari de Sarkozy c’est que la France devienne un paradis fiscal pour les milliardaires, voyant le rapatriement des privilégiés fuyant l’impôt sur les grandes fortunes.

Pas si sûr, les richards en veulent toujours plus. Prenons le vieil ami de Sarkozy, Johnny Hallyday, après avoir fui en Suisse pour protéger ses avoirs, demandé la nationalité belge (ce qui ne l’a pas empêché de soutenir bruyamment « Sarko » et de fêter la victoire au Fouquet’s) envisagé, devenu belge de s’établir à Monaco, le voilà qui annonce son installation à Los Angeles. Décidément, on est trahi que par les siens !

Ce dispositif antipopulaire et antipauvre n’obéit qu’à un seul critère : maximaliser les profits du Capital, favoriser les placements financiers afin de relancer l’impérialisme français dans la course au leadership de l’UE.

La bataille du mouvement ouvrier pour les salaires, l’emploi, les droits des chômeurs, contre l’austérité budgétaire va devenir essentielle afin de contrecarrer les projets sarkozystes.

b/ - Les cadeaux aux richards

L’annonce de l’allégement des droits de succession est un vieux rêve de la bourgeoisie française. En 2005, le Trésor public a collecté 8 756 millions d’euros de donations et successions.

La loi ne vise qu’une minorité de français puisque 1/5 décès conduit à l’ouverture d’une succession. Le cadeau fait en moyenne à chaque bénéficiaire de cet allégement sera de 25 000 euros. Nous l’avons écrit, les héritiers pourront aider au financement des PME à hauteur de 50 000 euros et bénéficier de crédits et de baisses d’impôts.

Sur les ondes, on voit se multiplier les reportages sur les « malheureux » imposés de l’ISF comme si cela relevait d’un phénomène de masse. Il y a actuellement 400 000 foyers fiscaux assujettis à l’ISF qui payent en moyenne 8 000 euros par contribuable. Ce qui rapporte la somme totale de 3 076 millions d’euros. Les dégrèvements fiscaux devraient rapporter 3,2 milliards aux PME tout en affaiblissant les budgets sociaux dont chacun peut bénéficier.

c/ - Le bouclier fiscal

Le gouvernement annonce des allégements sur la fiscalité sur l’immobilier tout en laissant libre court à l’augmentation permanente des loyers. Dans beaucoup de foyers populaires, le loyer est devenu le premier poste du budget familial.

La déduction des intérêts d’emprunts immobiliers va surtout profiter aux monopoles (détenteurs d’un parc immobilier important) et aux riches particuliers.

Le pouvoir craint un effondrement du marché tant les prix sont devenus exorbitants. A trop tirer sur la corde …

Parallèlement, cela va laisser latitude (compte tenu des déductions fiscales) aux banques pour relever leur taux d’intérêt pour les prêts. Là aussi, perte du pouvoir d’achat réel pour tous ceux qui pensent contourner les loyers chers en accédant à la propriété. Nous sommes confrontés à une aggravation de la fiscalité de classe, à une politique d’accentuation de la polarisation sociale puisque les travailleurs seront appelés à financer les cadeaux fiscaux faits à la bourgeoisie. Les riches devenant toujours plus riches en surexploitant toujours plus les travailleurs.

Ces mesures s’accompagnent d’une couverture démagogique « travailler plus pour gagner plus » visant à faire de la duperie un instrument de consolidation du pouvoir.

d/ - TVA et franchises

Toute la stratégie de Sarkozy conformément aux vœux du MEDEF est de favoriser les assurances privées, les fonds de pension pour assurer (à quel prix) protection et sécurité sociale.

Le déficit de la Sécurité Sociale entretenu depuis des années pour faire apparaître les financements privés comme ultime recours, se monte à 12 milliards d’euros pour le régime général (6 milliards branche maladie, 4 milliards branche vieillesse).

Les gouvernements Jospin, Raffarin ont prétendu ramener l’équilibre financier en s’attaquant au droit à la santé pour tous !

C’est la centaine de milliers de lits supprimés sous le gouvernement de « gauche plurielle » de Jospin au nom de la rentabilité financière, les fermetures d’hôpitaux psychiatriques puis la Loi Fillon sur les retraites et les mesures Douste-Blazy sur l’Assurance-Maladie.

Ces dernières années, les remboursements des médicaments et des consultations ont été rognés, occasionnant toujours plus de dépenses de santé pour les travailleurs.

Sarkozy prolonge et aggrave cette politique et annonce deux mesures iniques : l’instauration d’une franchise médicale (véritable péage santé) et la création d’une TVA sociale, financée par les prélèvements obligatoires des salariés et contribuables. L’inspirateur de cette mesure est le futur président du FMI : Strauss-Kahn !

Sarkozy déclare démagogiquement qu’il n’acceptera « aucune augmentation de la TVA, dans sa forme actuelle, ce qui aurait pour effet de réduire le pouvoir d’achat ».

La TVA « sociale » se substituera pourtant à la baisse des cotisations patronales pour l’Assurance Maladie et les allocations familiales.

Entre les deux tours des législatives, ce qui a coûté quelques sièges à l’UMP, fabius interpellait Borloo et lui demandait de prendre l’engagement de ne pas augmenter la TVA. Borloo refusa et répondit « c’est à l’étude ».

Le lendemain, Fillon enfonçait le clou et évoquait une hausse de 5 points de la TVA ! Hausse qui serait accompagnée d’un point de baisse des cotisations CSG.

Cette augmentation de la TVA renflouerait les caisses de 30 milliards, étant donné que chaque point rapporte à l’Etat, 6 milliards.

Toutefois, les cadeaux fiscaux aux 400 000 contribuables les plus riches, coûteront près de 60 milliards par an, de quoi financer le déficit de la sécurité sociale.

La TVA si le projet de Fillon passe passerait de 19,6 % à 24,6 % pour les biens et les services, de 5,5 % à 10, 5 % pour les produits alimentaires et les biens culturels.

Rappelons que la France a déjà un des taux les plus élevés de TVA (en moyenne 17% dans l’UE).

La baisse d’un point des cotisations CSG n’aura pas de signification pratique puisqu’il est prévu au préalable une hausse d’un point des cotisations ! C’est donc un simple effet d’annonce.

Les conséquences de la hausse de la TVA (quelque soit le montant), parce qu’elle constitue l’impôt le plus injuste, car payée à même hauteur quelque soit le revenu, seront dramatiques pour des millions de familles populaires.

Elles vont se traduire par une hausse généralisée des prix, sans que les salaires suivent, sauf luttes d’ampleur.

Le patronat sera la seule catégorie à pouvoir répercuter cette inflation, étant gagnant une fois de plus, reprenant ce qui lui est demandé en sus comme « consommateur ».

La TVA représente actuellement 8 % mensuels des revenus d’un smicard, 4 % seulement des revenus d’un bourgeois. Les mesures de Sarkozy vont accentuer les inégalités criantes et aggraver la polarisation sociale. Cet impôt est une véritable gabelle moderne !

La TVA rapporte 170 milliards de recettes, soit 50 % des recettes fiscales, sa part va bien sûr augmenter compte tenu des exonérations faites aux richards.

La TVA sociale est l’architecture générale de l’attaque du capital financier contre la protection sociale.

Les cadeaux fiscaux et l’allongement du temps de travail via les heures supplémentaires vont se traduire par des gains de productivité, déclare le MEDEF qui profiteront à l’emploi et au pouvoir d’achat !

Il s’agit d’un pari de Sarkozy qui risque de ne pas se réaliser. Compte tenu de la psychologie et des traditions de la classe capitaliste française (des usuriers disait Lénine), son choix de la rentabilité immédiate et spéculative la poussera à empocher les gains sans créer des emplois.

L’exemple est significatif des milliards d’ « aides aux entreprises » accordées par les divers gouvernements de droite et de gauche afin de créer des emplois qui n’ont jamais vu le jour. Les capitaux épargnés n’ont servi qu’à renforcer la bulle spéculative.

A l’époque du libéralisme sur toute la ligne, les lois économiques du capitalisme se manifestent avec plus de visibilité, l’objet de la production n’est pas la satisfaction de besoins mais le profit.

Les mesures Sarkozy vont susciter inflation, autre moyen capitaliste de « baisser le coût du travail ».

La politique de la bourgeoisie monopoliste tracée par Sarkozy va signifier l’aggravation non seulement de la paupérisation relative mais aussi absolue pour de plus en plus de travailleurs.

Paupérisation qui va à son tour aggraver la crise de surproduction, tel est le cycle infernal du capitalisme

Sarkozy prend des accents protectionnistes pour défendre la production française et européenne et appelle « à faire payer les importations ».

Les produits étrangers seront donc plus chers pour les consommateurs. De plus, sans vraiment qu’ils aient un choix véritable, dans des domaines variés, ordinateurs, produits électroménagers, ordinateurs, téléviseurs, DVD, appareils photos sont maintenant produits à l’étranger !

Ces mesures protectionnistes visent à défendre les intérêts de l’impérialisme français nullement les intérêts des familles populaires.

De même, la TVA sociale sera impuissante à empêcher les délocalisations, alibi de sa mise en place.

La TVA sociale aura seulement pour fonction de faire payer l’abbyssal déficit public (plus de 16 000 euros par personne) précisément aux producteurs des richesses matérielles spoliés et payeurs ainsi de la crise capitaliste.

« Réforme de l’Etat » et attaques contre les services publics.

L’objectif réitéré et conforme au néo-libéralisme est de rogner sur les dépenses publiques à caractère social.

Porte-avions, sous-marins nucléaires pourront voir le jour, les budgets des corps répressifs d’Etat continueront d’être augmentés.

Pour 2008, on annonce de 35 à 40 000 suppressions de postes dans la fonction publique.

La France a cessé de créer des emplois publics (en volume) avec Rocard. Ses successeurs ont poursuivi et aggravé cette politique en supprimant des postes (non remplacement des départs en retraites).

Ces suppressions pour permettre le fonctionnement ont relancé l’auxiliariat et la précarité. Avec Sarkozy, l’attaque est d’ampleur et vise à supprimer durant les 5 années de son mandat : 250 000 emplois de fonctionnaires.

Sarkozy use, une fois de plus de démagogie et de l’arme de la division. La moitié des sommes économisées, déclare t-il seront consacrés à augmenter les salaires des personnels restants (les cadences de travail, augmenteront, c’est certain).

Si ce n’est pas faire appel à l’égoïsme individuel au détriment de l’intérêt général !

Tout d’abord, les suppressions d’emploi vont se traduire par la continuation de la dégradation des missions de service public, assurées par toujours moins d’agents.

On a vu la signification concrète et dramatique des suppressions de postes et de lits, lors de la canicule de 2003 qui a entraîné 15 000 morts !

De plus, l’expérience des suppressions passées, montre que jamais, les grilles indiciaires n’ont été revalorisées, la rémunération minimale étant même inférieure au SMIC dans la fonction publique.

Les coupes sombres de postes supprimés toucheraient les personnels des impôts et des finances, de la comptabilité publique, de l’Education nationale (entre 10 à 17 000 suppressions), le secteur hospitalier.

Le contrôle de la gestion publique serait confié à des officines privées avec toutes les dérives possibles, rentabilité oblige !

« Travailler plus pour gagner plus »

Augmenter la durée du temps de travail a toujours été une arme du capital pour maximiser ses profits, nullement pour augmenter les salaires.

L’écart entre les dites « 35 heures » et les 39 heures de travail hebdomadaire effectuées en moyenne a engendré la surexploitation des travailleurs, par une véritable spoliation. Des millions d’heures de travail, en effet, n’ont pas été payées !

Les RTT, les forfaits- jours ont constitué un tour de passe-passe pour ne pas rémunérer les salariés.

L’annualisation du temps de travail, initiée par la Loi Aubry, a alourdi les cadences de travail.

Un ouvrier d’usine automobile effectue dans certaines périodes de haute commande, 48 heures de travail hebdomadaire. Il ne sera pas payé pour ces heures, pour lesquelles, il n’est nullement volontaire. L’annualisation va remplacer la rémunération des « heures sup. » par une flexibilité extrême, avec des semaines de 24 heures ou moins !

Le temps de repos ne compense pas la perte financière de chaque ouvrier, la fatigue accrue en période chargée.

Ce n’est pas un « hasard malencontreux », si le secteur automobile engendre accidents du travail, dépressions et suicides parmi les salariés.

« Travailler plus pour ceux qui ont emploi, est-ce la priorité ?

En France, il y a 5 millions de chômeurs, 7 à 8 millions de précaires et « temps partiel », notamment chez les jeunes et les femmes.

L’imposition des heures supplémentaires va geler les inégalités de situation. Un « temps partiel » aura la possibilité de faire des « heures supplémentaires » mais n’aura toujours pas un emploi à temps complet !

L’Angleterre de Thatcher-Blair est présentée par un modèle par nos gouvernants. Blair a multiplié les « poor works » (petits jobs) pour un salaire de misère. Certains précaires travaillent une journée par semaine, ou une semaine par mois !

Sinon, chantage aux allocations oblige, ils perdent ces dernières. L’objectif des monopoles britanniques était de sortir ces chômeurs des statistiques.

Voilà, la sombre réalité du « miracle » britannique !

Le contrat unique voulu par Sarkozy et le MEDEF va s’accompagner de la « flexi-sécurité », suivant l’exemple des pays nordiques.

Au Danemark, 800 000 salariés perdent leur emploi chaque année, en « échange », ils trouvent un emploi facilement sur un marché du travail aussi mobile.

Le Contrat unique qui reste à définir, va engendre des facilités accrues de licencier sans barrières juridiques.

Quant au « gagner plus », sur une base de 39 heures hebdomadaires, le bénéficiaire devrait gagner 400 euros de plus par an, quant aux « gains » liés à défiscalisation, cette prime d’encouragement aux « heures sup. » sera payée par l’argent public.

Ces « gains » sont le contraire d’une hausse des salaires pour tous, puisqu’ils seront financés par ceux qui refusent l’allongement du temps de travail !

Enfin, la hausse des prix et de la TVA rattraperont bien vite les gains annoncés, les annulant ainsi, restera la hausse de prélèvements pour les autres.

Attaque générale contre le droit de grève !

Le projet de loi stipule : « Les entreprises de transports et les organisations syndicales représentatives engagent des négociations en vue de la signature, avant le 1er janvier 2008, d’un accord cadre organisant une procédure de prévention des conflits et tendant à développer le dialogue social. Dans ces entreprises, le dépôt d’un préavis de grève ne peut intervenir qu’après une négociation préalable entre les organisations syndicales représentative et l’entreprises, dans les conditions prévues par l’accord cadre ».

Il s’agit bien pour le pouvoir, conformément à la stratégie néo-libérale du capitalisme, de s’attaquer au droit de grève, en commençant par les entreprises de transports dont chaque grève suscite les reportages tendancieux dans les médias télévisuels, lors de chaque grève. L’opinion publique a été préparée de puis des années.

Cette attaque commence par subordonner le droit de grève à des « négociations préalables » rendant de fait illégales les grèves sur le tas, répondant à un problème donné dans l’urgence.

De plus, l’obligation de se déclarer gréviste, 48 heures à l’avance, constitue une sape du travail syndical pour élargir la grève jusqu’au dernier moment, le fichage des grévistes avec les pressions prévisibles de certains « petits » ou « grands » chefs, sur les grévistes. Pire, on annonce que des sanctions disciplinaires frapperont ceux qui ne sont pas déclarés.

Ensuite, le gouvernement s’attaque au principe d’une grève continue de longue durée, (arme autrement efficace que la seule « journée d’action »).

Sarkozy, a précisé sa conception du « droit de grève », en prônant l’organisation d’un vote de tous les salariés, à bulletins secrets, après 8 jours de grève, afin « d’éviter les piquets de grève », ajoutant « aucune journée de grève ne sera payée » !

Il s’agit pour le pouvoir de combattre avec toute la force des lois coercitives, la seule arme qui reste à la classe ouvrière et aux travailleurs pour se faire entendre et faire reculer les projets anti-sociaux des directions. Après les transports, d’autres réglementations devraient suivre dans la logique néo-libérale. Le droit de grève ne peut plus être reconnu par la bourgeoisie monopoliste.

Le ministre des affaires sociales Bertrand vient de proposer l’application de cette loi dans l’Education nationale, propos démentis, mais l’idée demeure…

La seule solution pour combattre et tuer dans l’œuf ce projet liberticide, est justement la grève étendue à tous les secteurs par solidarité, pour la défense et le développement du droit de grève.

Nos militants dans leur syndicat respectif interviendront pour le refus collectif d’appliquer le fichage des grévistes.

Les directions confédérales condamnent le projet mais semblent se situer dans l’aménagement de la loi. La pression de la base doit s’exercer contre ceux qui seraient enclins à capituler.

Enfin, rappelons qu’aucune loi répressive n’a pu venir à bout de la colère légitime des travailleurs. Des héroïques canuts de Lyon à mai 68, les travailleurs ont su déclencher des grèves massives qui débordaient largement le « cadre réglementaire ». Producteurs de richesses produites, les ouvriers et les travailleurs en cessant le travail exercent une pression maximale sur le patronat et l’Etat.

Sarkozy essaye de cadenasser le mouvement ouvrier mais les contradictions entre le Travail et le Capital qui ne vont pas manquer de s’aiguiser en raison de la politique gouvernementale de classe favorable aux privilégiés, ne manqueront pas de susciter luttes et résistances croissantes.
L’intégration accélérée des syndicats pour tenter de casser les luttes.

Sarkozy et S.Royal n’ont eu que le mot de « dialogue social » entre « partenaire sociaux » à la bouche durant la campagne.

Il s’agit d’une tentative de gommer de la conscience des travailleurs, l’antagonisme fondamental des intérêts entre le capital et le travail.

Fillon a appelé les syndicats à « constituer un pôle réformiste (…) Ce réformisme des syndicats est synonyme d’un accord avec les thèses défendues par l’UMP (…), l’objectif est de confier plus de responsabilités aux syndicats pour peu qu’ils épousent les évolutions de la société française ».

En clair, Fillon demandera aux syndicats au nom de la « modernité » de se rallier et de se faire les relais auprès des travailleurs des réformes néo-libérales voulues par la classe capitaliste.

Cette politique d’intégration des directions confédérales aux objectifs des monopoles, qui n’est pas nouvelle, a été facilitée par plusieurs facteurs :

a) La liquidation du PCF comme parti révolutionnaire et ouvrier, a laissé le prolétariat sans grande organisation politique nationale et de masse, susceptible de défendre ses intérêts quotidiens et stratégiques.

b) La mutation de la CGT va découler de l’absence de parti marxiste-léniniste. Au nom de sa conception d’un « syndicalisme rassemblé », la direction confédérale va abandonner les traditions du syndicalisme de lutte de classes pour subordonner les actions à l’accord préalable des autres centrales, s’inscrire dans l’aménagement des réformes libérales avancées par les gouvernements successifs, en entérinant leur cadre de fait. La participation de responsables CGT à l’organisme de collaboration de classes « Confrontations » qui regroupe des monopolistes comme J. Gandois, Francis Mer, jean Peyrelevade, autour des « réformes nécessaires », de l’inscription dans le fait européen, dans la non diabolisation du patronat, a joué son rôle destructeur de l’identité historique CGT.

Cela dit, la base de la CGT garde le plus important potentiel de luttes. Les mesures, prises par Sarkozy, devraient aggraver la contradiction entre la ligne confédérale d’accompagnement et le vécu des travailleurs confrontés aux bas salaires, au chômage de masse, aux délocalisations, aux privatisations.

L’adhésion de toutes les centrales françaises à la Confédération européenne des Syndicats (CES), véritable relais de la Table-Ronde des industriels européens a affaibli les capacités de résistance des syndicats à la politique néo-libérale de l’UE. La CES a pour fonction d’intégrer les syndicats de chaque pays au bloc impérialiste européen. Sous des formes différentes mais comparables, il s’agit comme en 1914, d’organiser pour le Capital, « l’union sacrée » autour de sa stratégie réactionnaire et anti-sociale, de prôner la collaboration de classes.

L’intégration accélérée des centrales à l’ordre libéral de l’impérialisme va s’appuyer sur le projet émanant de « sécurité sociale professionnelle ».

Projet dont la finalité est d’introduire la « flexi-sécurité », en facilitant les licenciements par la levée des derniers obstacles juridiques, moyennant un parcours professionnel individualisé, le maintien du salaire (mais payé par l’argent public), le recours à la formation.

Les « parcours individuels » se substitueraient aux droits collectifs. Le rôle des centrales se modifierait sensiblement.

Non seulement, le syndicalisme de classe et de masse serait menacé, mais également, le syndicalisme en tant que défense organisée et collective des revendications générales des travailleurs.

A la place, les confédérations et syndicats vont se transformer en « mutuelle » du suivi des « parcours individualisé ». La croissance des effectifs et du rôle des bureaucraties syndicales va être le corollaire de cette mutation liquidatrice.

Là aussi, nous sommes persuadés qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Les réformes réactionnaires et néo-libérales ont engendré d’importantes résistances : décembre 95, 2003, lutte anti-CPE.

Des grèves quotidiennes éclatent dans le pays, souvent porteuses de revendications autrement plus avancées que celles mollement défendues par les directions confédérales.

Des collectifs de défense du syndicalisme de lutte de classes agissent et rencontrent un écho grandissant, d’autant plus fort que l’unité d’action progresse entre eux.

La volonté d’aménagement des directives patronales, d’insertion dans le néo-libéralisme parallèlement aux coups porté par le pouvoir de Sarkozy, va susciter mécontentement et résistances.

L’objectif de renaissance d’une centrale de lutte de classe, dans les formes trouvées par les travailleurs eux-mêmes, va être accélérée par les coups globaux et multiples portés par le capital monopoliste, Sarkozy, l’UE.

Au dernier congrès de la CGT, à Lille, une secrétaire confédérale s’exclamait devant des délégués divisés, « le projet de sécurité sociale professionnelle est plus révolutionnaire que la revendication d’interdiction des licenciements » !

En somme, Sarkozy serait-il devenu révolutionnaire ? la réponse est évidente, on pourrait paraphraser la phrase du vieux compagne de Marx, Bebel qui disait quand l’adversaire de classe reprend mes idées, quelle bêtise ai-je faite ?

La contre-réforme sarkozyste visant à instaurer un libéralisme intégral ne poursuit qu’un objectif : conforter et pérenniser le système d’exploitation capitaliste, par la paupérisation croissante, la négation des droits sociaux, afin de faire payer la crise et la dette de l’Etat bourgeois à ses victimes.

Ceux qui ont trompé les travailleurs avec des »phrases de gauche » pour camoufler leur intégration et capitulation seront balayés par les luttes de classes et les vents de l’histoire.
La relance du nouveau traité européen.

Sarkozy, là aussi, a fait preuve de démagogie, en prétendant rassembler la France du OUI et celle du NON. Sarkozy ajoutant même comprendre les causes du NON.

« Je veux le dire, à tous les Français et à tous les Européens, ce n’est pas le NON au référendum des Français et des Néerlandais qui a mis l’Europe en crise. C’est la crise de l’esprit européen qui a provoqué les NON français et néerlandais et qui aurait sans doute provoqué d’autres NON dans d’autres pays européens si ceux-ci avaient organisé un référendum ».

Sarkozy diagnostique le mal, « on n’a pas fait assez de politique en Europe ». Il précise les modalités : « Une conférence intergouvernementale va se réunir pour prévoir les délais et les modalités de la mise en œuvre de ce qui a été décidé, puis interviendra la ratification par les parlements nationaux, sous la forme non d’une nouvelle constitution mais d’amendements aux traités existants ».

L’accord récent des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, s’inscrit dans la continuité du traité constitutionnel (TCE), en gommant les aspects les plus « visibles », la référence à la concurrence libre et non faussée, la démarche vers le fédéralisme, la partie économique sur la politique de l’Union.

Toutefois, le contenu de classe antipopulaire et l’architecture du projet sont conservés, il s’agit bien de construire une Europe néo-libérale au service des Etats impérialistes et des monopoles. Les traités précédents reconnaissaient d’ailleurs comme base fondamentale, la concurrence y compris libre et non faussée et la compétitivité.

Barroso a reconnu que le nouveau traité confirmerait la politique fondamentale menée dans l’UE, « il n’est pas question de revenir en arrière sur les politiques qui sont au cœur de l’Union Européenne ».

Certains participants au sommet avaient la candeur de reconnaître que « ce nouveau traité simplifié est bien compliqué ».

En réalité, c’est la parade trouvée par les monopolistes pour faire avaliser leur politique comme « cadre réglementaire et obligatoire » au moyen du forceps !

Le recours à la ratification par le parlement, Sarkozy commet même le lapsus de dire qu’il sera « ratifié », où la majorité des 3/5 est requise, ne fait aucun doute, étant donné le consensus UMP/PS/ UDF et MODEM.

Cela évite à la bourgeoise française un nouveau désaveu massif. Reste que les causes réelles qui ont engendré le NON, vont continuer d’opérer de manière aggravée par la politique de libéralisme intégral de Sarkozy.

Le combat pour la défense du NON et de la souveraineté populaire exprimée, va prendre d’autres formes centrées sur la dénonciation du nouveau « traité simplifié » et de la violation des décisions prises à la majorité de 55 % mais quitter les formes électorales pour celles des luttes dans les entreprises, les quartiers populaires, contre les diktats de l’UE, contre le libéralisme économique.

L’URCF ne manquera pas de relier ces luttes au quotidien contre les conséquences du nouveau traité à la lutte générale contre le capitalisme, à la lutte anti-impérialiste pour le retrait de l’UE dans la perspective de sa dissolution par les luttes de tous les peuples-travailleurs d’Europe.