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IC 93 : Poursuivre et amplifier le combat contre l’UE capitaliste jusqu’à la rupture : le bilan des Européennes
mercredi 1er juillet 2009
Les élections européennes du 7 juin ont montré l’opposition croissante – bien que passive dans encore beaucoup de pays - à la consolidation et à la politique du bloc des États impérialistes d’Europe : l’Union Européenne. Le démontrent l’abstention massive et majoritaire, et dans certains pays, le renforcement du vote communiste (Grèce, Portugal).
Le sens d’une abstention massive
En France, l’abstention record des couches populaires a atteint le score du NON au référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE).
La classe ouvrière, avec près de 70% d’abstentions, s’avère bien le fer de lance du refus de la politique de Bruxelles, la classe la plus radicale dans le combat anti-impérialiste contre l’UE.
La jeunesse, vouée dans toute l’Europe au chômage de masse ou à la précarité et aux bas salaires, s’est massivement abstenue. Lycéens et étudiants subissent de plein fouet le programme européen commun (réaction et social-libéralisme l’ayant adopté ensemble), appelé « processus de Bologne », portant sur l’éducation au 21ème siècle, et traduit en France par la politique de DARCOS et PÉCRESSE.
Ce programme de Bologne vise à créer un enseignement toujours plus subordonné à la rentabilité monopoliste et aux besoins étroits de main-d’œuvre des multinationales, sacrifiant les services publics éducatifs, organisant la sponsorisation capitaliste des activités scolaires ou universitaires selon le modèle US. La recherche est sacrifiée au complexe militaro-industriel et aux intérêts boursiers. Mais les luttes massives des étudiants - de la Grèce à la France - montrent qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres, pour le Capital financier.
Se sont donc principalement mobilisés à cette élection, l’ensemble des fractions de la bourgeoisie et les couches moyennes urbaines, aux situations sociales différenciées, mais qui rêvent d’une « Europe autrement », constituant ainsi pour sa frange la moins aisée, la base sociale du réformisme : écologie, social-libéralisme, social-réformisme. Ce dernier courant, représenté par le NPA et le Front de gauche, a fait campagne sur la « réorientation de la politique de l’UE », mais dans son cadre institutionnel, dont pourtant les traités fondateurs sont condamnés tant par le NPA que par le Front de gauche ! Comprenne qui pourra ! Ces partis, accordant la priorité au choix d’avoir des élus, ont été, tout au long de la campagne, en porte-à-faux avec le rejet populaire de la politique, mais aussi du cadre de l’UE.
La classe ouvrière, en amplifiant la lutte contre l’UE, doit œuvrer à soutenir les intérêts des couches moyennes les plus lésées par la crise et par la politique de SARKOZY (chercheurs, personnels hospitaliers, personnels de justice…), afin de les détacher des alliances de classe directes ou indirectes avec le Capital monopoliste.
Parallèlement à la campagne électorale, les luttes sociales se sont poursuivies, comme chez Continental ou EDF, sur fond d’abandon et de trahison des bureaucraties syndicales au service de l’aménagement « social » des contre-réformes du pouvoir.
L’abstention massive constitue à la fois un ancrage permanent dans le NON victorieux et un clair désaveu de l’imposition du Traité constitutionnel européen via sa nouvelle mouture, le traité de Lisbonne.
C’est la raison pour laquelle, l’URCF appelait à une abstention démocratique et populaire, puisque SARKOZY a refusé de respecter le suffrage universel et la souveraineté populaire exprimés par la victoire du NON, en passant en force par la voie de la réunion des deux chambres, sans risque puisque 90% des députés et sénateurs étaient déjà acquis au OUI au référendum !
Coup de force implicitement condamné par l’abstention massive.
Fracture politique
Dans ce contexte, les scores obtenus par l’ensemble des listes n’en apparaissent que plus médiocres.
La crise du mode de production capitaliste s’accompagne aussi d’une crise de la représentation politique, en contresens avec les intérêts de la majorité laborieuse.
Crise qui recèle des potentialités de luttes, mais aussi des dangers d’autoritarisme continu, de fascisation, compte tenu de l’absence et du retard à faire renaître un véritable Parti communiste, porteur et avant-garde de l’alternative anticapitaliste.
L’UMP et SARKOZY arrivés en tête, crient victoire ; pourtant, il n’y a pas de quoi pavoiser, puisque le parti présidentiel doté du contrôle des médias d’État et du soutien de l’écrasante majorité des médias privés, regroupe à peine 12% des inscrits. À noter que les résultats officiels ne donnent pas les scores de chaque parti en rapport avec le total des inscrits. Le discours officiel sur le soutien réitéré à SARKOZY prétendument manifesté par les électeurs, tient à la fois de la méthode COUÉ et de la tentation permanente de passer aux forceps. Le pouvoir affirme avoir reçu le feu vert, pour continuer et amplifier ses contre-réformes antisociales et antidémocratiques.
Le Parti socialiste subit un revers cuisant puisqu’il perd près de 40% d’électeurs par rapport au scrutin précédent. Le PS, en période de crise du capitalisme, paye son social-libéralisme, son impossibilité de se démarquer, sur le fond, de la politique de SARKOZY, et son incapacité croissante à tromper les masses populaires. Comme le PS est l’un des piliers essentiels du pouvoir capitaliste (dictature de classe), les monopolistes cherchent à promouvoir une force nouvelle qui incarnerait l’alternance dans le cadre du système d’exploitation.
L’écologisme, outil idéologique du Capital
C’est le rôle dévolu aux Verts et à l’écologie qui représente une nouvelle forme d’« union nationale » regroupant exploiteurs et exploités, « au-dessus des classes » pour sauver la planète menacée par notre « surconsommation ». Pour porter les Verts et COHN-BENDIT au pinacle, les médias capitalistes ont ouvert leurs antennes au film de Yann ARTHUS-BERTRAND qui sème la peur (la Terre n’aurait plus que 10 ans à vivre !) et qui fait de la défense de l’environnement la question centrale universelle. À cet égard, l’écologisme, au-delà peut-être des intentions de ses fondateurs, a été récupéré et canalisé par le Capital monopoliste, et se transforme en nouvelle idéologie totalitaire (au sens philosophique) assénant des axiomes transformés en vérité révélée. Rappelons-nous COHN-BENDIT qui, avec Yves MONTAND et TAPIE, s’écriait « Vive la crise ! » pour mieux faire passer le néolibéralisme et sa déréglementation générale (1983).
En affirmant cela, nous ne nions pas les menaces écologiques existantes, mais nous appelons à remonter à leur source.
En effet, contrairement à ce qu’affirmait le renégat GORBATCHEV, les valeurs universelles ne se dissocient pas des intérêts de classes et de la lutte entre elles. C’est le capitalisme qui, pour sa recherche du profit maximum, à travers les multinationales et notamment les monopoles pétroliers et pétro-chimiques, est seul responsable du saccage de l’environnement, en exportant de plus les nuisances et autres poisons principalement dans les pays semi-colonisés du Tiers-Monde.
La défense véritable de l’environnement présuppose une dimension première anticapitaliste et anti-impérialiste à ce combat. Ce sont « les rouges », c’est-à-dire les communistes, qui doivent mener, dans cette forme, cette lutte globale avec les forces démocratiques.
L’idéologie « écologiste » dédouane au contraire le Capital de ses responsabilités majeures. Le « Nous » employé par ARTHUS-BERTRAND mêle allègrement fauteurs de pollution et ses victimes. Les critiques sur le mode de consommation ignorent les différenciations de classes et de revenus. Les 8 millions de citoyens de France, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, apprécieront sans nul doute ce langage, de même que le milliard 200 millions d’êtres humains qui souffrent de la faim, les 2 milliards de Sans-toit ou le milliard de privés d’emploi, dans le monde capitaliste.
L’écologisme à la COHN-BENDIT constitue bien une union sacrée, comme le prouvent les contacts réguliers avec l’Élysée, les satisfecits adressés à BORLOO. Ce courant accompagne partout la politique visant à faire payer la crise du système capitaliste par les travailleurs.
Les forces social-réformistes
Elles n’ont réussi pour leur part qu’à occuper une partie mineure de l’espace social-libéral qu’elles visent à conquérir.
Leur concurrence et leurs divisions les ont affaiblies mutuellement.
On peut parler d’un échec relatif du NPA, en dessous de la barre des 5%.
NPA dont le leader avait été promotionné sur les écrans à des heures de grande écoute, que les organismes de sondage (aux mains de la classe capitaliste) présentaient comme l’opposant le plus populaire ! BEBEL, un révolutionnaire allemand, constatait sagement : « Je me demande toujours quelle bourde j’ai pu commettre, quand je suis flatté par l’ennemi de classe ».
Quant au Front de gauche, un certain dynamisme de sa campagne et les drapeaux rouges n’occultent pas la nature réformiste de ses propositions, dont le thème central fut la réorientation de la politique de l’UE, avec à la clé la transformation de la Banque Centrale Européenne (BCE) en « banque pour l’emploi et les investissements productifs » (sic !). Par quel tour de passe-passe, alors que la BCE est précisément l’instrument de direction des multinationales et des États capitalistes pour leur politique antisociale et antipopulaire ?!
En fait, le Front de gauche, par son « euro-constructivisme » revendiqué, refuse de rompre avec l’idéologie dominante (présentant comme « ringarde » et « nationaliste » toute opposition à l’UE), et au contraire s’aligne sur la superstructure voulue par les États impérialistes d’Europe. Tant qu’il n’y aura pas de remise en cause de l’UE comme cadre capitaliste, base de sa politique, l’opposition du Front de gauche restera inconséquente.
Le vote du 7 juin montre que le NON progressiste n’appartient à personne, à aucune formation politique puisque, malgré l’appel à voter du Front de gauche, du NPA, de Lutte ouvrière et d’autres, la majorité populaire a refusé de cautionner la politique néolibérale inchangée depuis le référendum. Dure leçon pour ceux, nombreux, qui se pensaient les dirigeants du NON.
Le social-réformisme a échoué à lier les dimensions antisociales et antidémocratiques à la politique de guerre impérialiste menée ou soutenue par l’UE, de Gaza à l’Afghanistan, en passant par l’ex-Yougoslavie et l’Afrique. Les sociaux-réformistes ont peu connecté leur campagne à la crise du mode de production capitaliste et n’ont pas répercuté, dans le pays, ce mot d’ordre central de l’heure : Faire payer la crise
par son fauteur, le capitalisme !