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Luttes de septembre 2010
octobre 2010
Front des luttes de septembre 2010
Le mois de septembre 2010 est marqué par le grand affrontement de classe sur les retraites, contre le projet Woerth/Fillon/Sarkozy. Sous le coup de l’exploitation salariale (loi du capitalisme), les ouvriers sont amenés à lutter dans leur secteur pour leur revendications d’entreprises. Ces revendications ont rejoint parfois dans la grève la lutte de toute la classe sur les retraites. Les véritables communistes doivent lier concrètement les justes luttes économiques à la lutte générale (économique, idéologique et politique) contre le capitalisme, pour la révolution et la construction du socialisme. C’est la voie pour construire le parti communiste ouvrier et révolutionnaire, cet état major indispensable à la victoire qui brisera nos chaînes de prolétaires. L’URCF y emploie toutes ces forces.
Luttes pour les salaires
L’URCF soutient toutes les revendications de classe en faveur de la défense des salaires et les inscrit dans la lutte générale indispensable contre le capitalisme et son pouvoir politique :
Hausse de 300 euros pour tous !
SMIC à 1650 euros !
Salaires contre profits : tapons aux coffres-forts du capital !
Venteprivee.com (Seine-Saint-Denis, commerce).
Des salariés de venteprivee.com, site internet spécialisé dans le déstockage de grandes marques, travaillant au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), ont fait grève pendant trois jours. Venteprivee.com compte six entrepôts en France et 1.450 salariés.
Les grévistes étaient principalement chargés de la manutention et de la préparation des commandes.
Ceux-ci ont obtenu un treizième mois de salaire, la révision des critères pour la prime au mérite, le paiement des jours de grève à 50%. En outre, "il n’y aura plus de nocturne pour les femmes, pour des questions de sécurité et des questions familiales", explique le délégué CGT.
« Une quarantaine de salariés du Blanc-Mesnil, soutenus par des collègues de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), ont bloqué l’entrepôt pour lutter contre les bas salaires et les horaires et ça a payé ! », a rajouté le délégué.
Luttes pour l’emploi
Le mot d’ordre URCF immédiat de nationalisation sans indemnités des monopoles casseurs d’emploi doit devenir le bien commun du mouvement populaire ; mot d’ordre qui nécessitera des luttes de classes de grande ampleur qui poseront la question du bris de l’Etat bourgeois. L’urgence du moment est de sauver nos emplois par la lutte. Autour de chaque usine, entreprise, service public fermés, formons des comités populaires de luttes locaux avec tous ceux qui pâtiront de la perte d’activité, forgeons les solidarités de classe décisives qui créeront un rapport de force supérieur obligeant le capital à céder sur nos revendications.
Si L’URCF salue toutes ces luttes auxquelles elle apporte son soutien, y compris dans ses formes radicales, la solidarité implique aussi la franchise et la critique des insuffisances. Les communistes révolutionnaires doivent soutenir et développer les luttes et la solidarité de classe, les diriger contre les profits pour les emplois et les salaires. Les luttes, aussi radicales soient-elles, qui se résument à des augmentations d’indemnité de départ, s’éloignent des intérêts de classe des ouvriers. Nous ne nions pas la nécessité de cette douloureuse bataille, mais à l’issue seulement d’un combat général non victorieux pour le maintien des emplois et des sites qui nous font survivre aujourd’hui et ferons survivre nos enfants demain. L’absence organisée de véritable solidarité et de lutte à l’échelle nationale, conséquence du syndicalisme d’aménagement et d’accompagnement de la bureaucratie ouvrière, livre les travailleurs à leur propre sort. Les insuffisances, quand elles existent, ne sont pas dues aux travailleurs des entreprises concernées mais bien à l’absence de toutes revendications nationales unifiantes portées par les confédérations - et notamment par la CGT dont ce fut la pratique dans sa période de classe et de masse - et au refus actuel des bureaucraties syndicales d’affronter politiquement et frontalement l’offensive réactionnaire anti-ouvrière et anti-grèves de Sarkozy. Offensive qui a pour objectif de détruire les conquêtes sociales arrachées par nos aînés et de faire payer la crise par ses victimes : le peuple-travailleur. Au centre de ces luttes sont posées la question urgente de la défense de l’emploi, l’urgence de contrecarrer la paupérisation en exigeant une hausse des salaires, la lutte contre la précarité, la défense des services publics contre les privatisations continues et la politique bourgeoise d’austérité de réduction drastique des moyens, la solidarité avec les Sans-papiers.
La lutte pour la défense de l’emploi doit être centrée sur le refus des licenciements, en s’appuyant sur les profits de ces groupes. Le prolétariat n’a que la vente de sa force de travail pour vivre. Son intérêt et celui de son parti est de refuser la moindre suppression de poste. Aucun licenciement ! Pas de suppression d’emploi ! Non aux fermetures d’usine ! Même les suppressions d’emplois « sans licenciements » (par exemple en préretraite payée par l’impôt sur les travailleurs) doivent être combattues une par une. Ce sont nos emplois pour vivre aujourd’hui, demain ceux de nos enfants, c’est notre intérêt de classe. L’URCF est consciente que seule la lutte générale (organisée) par la grève nationale et le blocage dans la durée peut faire reculer le capital sur nos revendications immédiates ; stratégie que refusent les bureaucraties syndicales acquises aux intérêts de son capitalisme. Pour l’heure, les ouvriers et les employés de ces entreprises, avec les populations locales, doivent s’organiser en comités larges de défense de l’emploi par la grève et le blocage dans la durée. Ces comités doivent parvenir à se coordonner pour se soutenir et unifier leurs forces. Face à la trahison des bureaucraties syndicales, les travailleurs doivent s’auto-organiser, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces !
Nous saluons la détermination et l’organisation exceptionnelles des travailleurs de qui doivent tenir bon et créer un comité local de défense de l’emploi avec toute la population du bassin. Solidarité nationale avec les travailleurs en lutte pour sauver nos emplois ! Nationalisation sans indemnités des entreprises et des monopoles qui délocalisent ou suppriment les emplois ! Emplois contre profits ! Besoins contre profits !
Plysorol (Fontenay-le-Comte, contreplaqué).
Les salariés du site vendéen de Plysorol, en liquidation judiciaire, retiennent depuis jeudi en milieu d’après-midi trois de leurs dirigeants. "Nous voulions connaître les offres de reprises qui ont été déposées hier (mercredi) et aussi montrer aux administrateurs que nous voulons travailler et qu’on n’est pas là pour liquider l’entreprise", a déclaré le délégué CGT du site vendéen.
Les trois cadres retenus sont le directeur du site, le directeur des ressources humaines et le directeur commercial.
Le 8 septembre, Plysorol, ex-leader européen du contreplaqué, a été placé en liquidation judiciaire avec une période de poursuite d’activité de deux mois. Plysorol emploie 450 personnes sur ses trois sites français de Lisieux (Calvados), Epernay (Marne) et Fontenay-le-Comte (Vendée). L’impérialisme français possède avec Plysorol au Gabon 600.000 ha de forêt via des filiales. L’okoumé qui y est exploité est un composant clé du contreplaqué.
Les trois cadres ont été retenus et ont passé la nuit dans leur bureau, encadrés par 30 à 40 salariés.
Le lendemain les ouvriers du site vendéen ont libéré les trois dirigeants après avoir obtenu les noms des prétendants à la reprise.
Les trois cadres ont été retenus et ont donc passé la nuit dans leur bureau, encadrés par 30 à 40 salariés.
Sony (Ribeauville, électronique).
Les trois quarts des 590 ouvriers de l’usine Sony de Ribeauvillé (Haut-Rhin) se sont mis en grève vendredi 03/09 pour exprimer leur inquiétude sur la mise en vente prochaine du site.
Environ 450 salariés ont suivi l’appel à la grève d’une journée, la première dans l’usine depuis sept ans. Près de 300 grévistes se sont rassemblés devant l’usine vendredi matin, a constaté l’AFP. Ils devraient se rendre dans l’après-midi en
cortège à la sous-préfecture de Ribeauvillé d’après l’intersyndicale CGT-FO-CFTC-CFE/CGC.
L’usine Sony doit être vendue à un duo formé du fonds d’investissement suisse Quantum et du groupe électronique allemand Blaupunkt. Les syndicats et les travailleurs s’attendent à une destruction significative d’emplois, voire la fermeture de l’usine.
L’intersyndicale demande en outre une indemnité de transfert de 40.000 euros pour les travailleurs qui seront repris, et pour tous les autres des conditions de départ identiques au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 2008, qui avait attribué à chacun une prime de l’ordre de 50.000 euros (variable selon l’ancienneté) et un congé de reclassement d’un an.
Sony France avait annoncé début mai en comité central d’entreprise (CCE) la mise en vente de l’unité de Ribeauvillé.
Première usine japonaise ouverte en Alsace en 1986, ce site Sony a compté jusqu’à 1.600 salariés permanents en 1999 avant de subir quatre plans sociaux.
AIS (Vitrolles, sous-traitant d’Eurocopter).
Les salariés de la société AIS (Segula), sous-traitant d’Eurocopter, entamaient vendredi 26 aout à Vitrolles (Bouches-du-Rhône) leur 5e jour de grève pour tenter d’obtenir le rétablissement de leurs primes de déplacement.
Les travailleurs sont majoritairement en grève et protestent contre la suppression depuis juillet de ces primes qui peuvent atteindre quelque 1.000 euros par mois.
L’entreprise fournit à Eurocopter à Marignane des composantes de structures de ses hélicoptères SuperPuma et Dauphin.
Rappelons que du point de vue ouvrier, l’octroi de primes ou de « parts d’intéressement » ne peut satisfaire la revendication de hausse des salaires : l’individualisation de la rémunération est un piège pour les travailleurs, car elle aboutit à la mise en concurrence entre salariés et paralyse les luttes menées contre l’exploitation patronale. L’URCF avance le mot d’ordre de classe d’intégration de toutes les primes dans le salaire.
Le fabricant européen d’hélicoptères relevait qu’AIS est "un sous-traitant important". "Nous sommes très attentifs aux conséquences que peut avoir ce mouvement social". AIS appartient depuis 2007 au groupe français Segula Technologies, prestataire en ingénierie qui compte 6.500 salariés dans le monde dont 5.000 en France.
Teleperformance (Seine-Saint-Denis, télécoms).
Des salariés de Teleperformance ont mené vendredi 03/09 à Pantin (Seine-Saint-Denis) une
opération à Pôle emploi contre un plan social prévu en France par le géant des centres d’appel.
Les manifestants, qui ont pénétré dans les bureaux de Pôle emploi, ont dénoncé l’appel d’offre que leur entreprise y a déposé pour de la sous-traitance.
"Futurs inscrits à Pôle emploi, nous avons du mal à comprendre qu’une même société puisse délocaliser des emplois (...) au Maroc et dans le même temps postuler auprès d’un service de l’Etat français afin de décrocher un contrat fort juteux", explique un tract de SUD.
Outre Pantin, le syndicat a lancé un mouvement de grève nationale à Lyon, Marseille, le Mans et Rennes, où les sites sont visés par le « plan social ».
Celui-ci prévoyait 834 suppressions de postes d’ici à la fin l’année, soit 13% de ses effectifs dans le pays, (un chiffre ramené à 689) et une réduction de son nombre de sites pour passer de 22 à 14 centres d’appel.
Portant des silhouettes en carton proclamant "Teleperformance m’a tuer", les manifestants ont notamment scandé "Teleperformance, patron voyou, Pôle emploi complice".
A Lyon, environ 50% des salariés présents sur l’un des deux sites Teleperformance, soit environ 40 personnes, ont débrayé une heure pour protester contre un plan social en cours et demandé "le maintien des sites et le retour des activités off-shore", ainsi qu’"une prime supra-légale d’au minimum 30.000 euros" pour chaque salarié licencié, explique le délégué syndical SUD. "Nous dénonçons les pressions, les licenciements et les avertissements qui pleuvent", a-t-il ajouté.
Lyon compte deux centres Teleperformance, accueillant chacun un total d’environ 300 salariés. Un nouveau comité central d’entreprise consacré à la restructuration de Teleperformance était prévu en septembre.Des salariés ont à nouveau débrayé mardi 28/09 dans plusieurs centres d’appel du numéro un du secteur en France contre le « plan social » prévoyant 689 suppressions de postes et pour dénoncer la "précarisation du travail".
A l’appel de l’intersyndicale CFDT-CFTC-CGT-FO-Sud, la mobilisation a été la plus forte sur le site de Rennes qui doit fermer en 2011. Plus d’une centaine de salariés du centre ont manifesté à l’extérieur de l’entreprise portant une banderole "Teleperformance, locaux vétustes, 160 licenciements". Ils ont distribué des tracts aux automobilistes. Des débrayages d’une à deux heures ont également eu lieu au Mans et à Orléans, Bordeaux, et Pantin (Seine-Saint-Denis). La CFTC, 1er syndicat de l’entreprise, a fait état d’une participation autour des 70%, que la direction a évalué à 5%.
Dans un communiqué, les syndicats dénoncent "la réduction massive d’emplois en CDI alors que 700 intérimaires continuent de travailler dans l’entreprise".
A la suite du « plan social » du premier semestre, près de 600 salariés d’Ile-de-France ont été licenciés, mais "aucune embauche n’a été faite à Villeneuve-d’Ascq et Orléans", dit l’intersyndicale qui relève également "l’existence de nouveaux contrats importants pour Amazon et Free, directement produits dans les centres off-shore".
Présent dans 51 pays, Teleperformance possède notamment quatre centres en Tunisie et un au Maroc.
Svenska Cellulosa (Linselles, papèterie).
Les ouvriers du papetier suédois Svenska Cellulosa (SCA) à Linselles (Nord) ont voté mardi 14/09 une grève reconductible et l’occupation du site contre la décision du groupe de fermer le site en 2011.
"Tous les salariés présents ont déserté leur poste. Les machines sont arrêtées et on occupe l’usine", le secrétaire CGT à SCA France. Quelque 160 salariés moins une voix —sur les 280 du site— ont voté le mardi en faveur d’un arrêt de travail immédiat et reconductible toutes les 24h, lors d’une assemblée générale à l’appel d’une intersyndicale CGT/CFDT/CGC.
La grève survient au lendemain d’une réunion du comité d’entreprise (CE) à Roissy au cours de laquelle la direction du papetier a rejeté les propositions mises sur la table par les syndicats pour éviter l’arrêt définitif de l’activité à Linselles. La fermeture du site, qui était envisagée pour avril, a cependant été repoussée à fin septembre 2011. Des discussions sur les mesures « d’accompagnement social » doivent se tenir la semaine prochaine.
La direction de SCA, qui produit à Linselles des couches pour bébé pour la grande distribution, avait annoncé le 25 mars la fermeture en 2011 de cette usine, au profit de sites en Suède et en Pologne.
Les salariés du papetier suédois en grève depuis 9 jours, votent finalement en faveur du nouveau « plan social » de la direction, le mercredi 22/09. "Les salariés, réunis (mercredi matin) en assemblée générale, ont approuvé à 82% les nouvelles propositions de la direction lors d’un vote à bulletin secret", a indiqué le secrétaire CGT chez SCA France. Sur les 280 salariés du site, 185 étaient présents à l’assemblée générale réunie par l’intersyndicale CGT-CFDT-CGC. Les nouvelles propositions de la direction patronale comprennent notamment un congé de reclassement de 24 mois pour les plus de 50 ans, qui bénéficieront de 9 mois de salaires payés à 100%, avec la prise en charge des cotisations de retraite complémentaire et de mutuelle, a expliqué le délégué. Des indemnités de licenciement plus importantes seront également accordées, pouvant aller jusqu’à 60.000 euros, pour les salariés comptant 22 ans d’ancienneté. Le travail devait reprendre jeudi après-midi aux alentours de 14H00, juste après la manifestation nationale pour les retraites.
Lejaby (Rhône, Textile).
Une cinquantaine de salariées en grève du fabricant de lingerie Lejaby ont passé la nuit de jeudi à vendredi 17/09 sur le site du siège de l’entreprise, près de Lyon, pour lutter contre un plan de restructuration annoncé pour la mi-novembre.
"Certaines ont dormi dans des tentes installées dans la cour et d’autres à l’intérieur des locaux du siège, sur des cartons à même le sol. On compte bien rester les nuits suivantes", a déclaré la déléguée CGT, en précisant que "les négociations avec la direction étaient bloquées".
Arrivées jeudi au siège, à Rillieux-La-Pape (Rhône), des sites de production de Bellegarde-sur-Valserine et de Bourg-en-Bresse dans l’Ain et du Teil en Ardèche, les grévistes, qui sont au total plus d’une centaine revendiquent le maintien de leur emploi ou à défaut une prime supralégale de 70.000 euros. "La direction nous a proposé ce matin (vendredi) lors d’une réunion une hausse de 7.000 à 10.000 euros de la prime supralégale, ce que les salariées
refusent évidemment", précise la déléguée CGT.
La direction de Lejaby, dont l’actionnaire est le groupe autrichien Palmers, avait annoncé le 1er avril dernier son intention de supprimer 197 postes sur 653 et fermer trois sites de production en France dont son berceau historique de Bellegarde-sur-Valserine, pour produire à moindre coût à l’étranger.
"On ne rentrera pas jusqu’à ce qu’ils lâchent !", lance lundi une gréviste de Lejaby qui s’apprête à passer une cinquième nuit devant le siège du fabricant de lingerie, près de
Lyon, avec une centaine de collègues. "J’ai toutes mes annuités et j’aurais pu partir en pré-retraite. Mais nous avons toutes démarré ensemble et je ne pouvais pas laisser les filles
comme ça", dit une ouvrière de 59 ans dont 43 ans passés en atelier. "On a toujours fait de la confection et j’aime ce travail. Pour l’instant, nous n’avons pas reçu notre lettre de licenciement. C’est une attente insupportable, mais aussi une raison de se battre jusqu’au bout", déclare cette autre ouvrière de 56 ans, affectée au piquet de grève devant l’entrée de
l’entreprise.
Sur les plates-bandes du siège, à Rillieux-la-Pape (Rhône), plusieurs tentes de camping et un buffet fourni installé dans un préfabriqué témoignent d’une volonté de faire durer le mouvement. Un slip taille XXL couleur prune avec un "Lejaby" écrit en lettres blanches a été suspendu avec humour, sous une bannière CGT. "Celles qui dorment dans les tentes sont celles qui font le siège depuis jeudi. Les autres viennent camper par intermittence en dormant dans les couloirs avec leur sac de couchage ou sur un lit de camp", raconte une autre gréviste. En permanence, une trentaine de grévistes restent la nuit "pour marquer le coup". Plusieurs camions venus charger ou livrer les produits ont été bloqués.
"On essaye d’assurer un roulement et on s’organise comme on peut. Chacune apporte un peu de tout chaque jour, du café, des bouteilles d’eau. Des salariées du siège proposent même leurs salles de bain. On est très soudées", explique la déléguée CGT. "Je m’arrange pour que mon fils de dix ans soit gardé quand je dors ici. Je l’appelle pour le rassurer et il me dit que j’ai raison", dit une ouvrière qui fait quotidiennement 110 km depuis l’Ain. Alors qu’elle parle, des automobilistes s’arrêtent pour encourager les grévistes ou signifient leur soutien en klaxonnant. "Les gens nous donnent 5, 20 ou 25 euros pour qu’on tienne". "Je les comprends car un jour ou l’autre, nous serons à notre tour touchées. Je culpabilise un peu de ne pas faire grève avec elles", déclare une salariée non gréviste.
Le mardi 28/09 elles entamaient leur 13e jour d’occupation du siège du fabricant de lingerie, près de Lyon, alors que syndicats et direction ont annoncé une nouvelle rencontre dans l’après-midi pour discuter du « plan social ». "Les salariées, bien que fatiguées et déterminées, espèrent que dans les deux jours un accord de fin de conflit sera trouvé", explique la CGT. Les négociations bloquent désormais sur le montant de l’indemnité de licenciement, les syndicats réclamant 20.000 euros bruts et 600 euros bruts par année d’ancienneté, contre 12.500 euros et 420 euros, proposés par la direction.
Mardi matin, les camions étaient toujours bloqués à l’entrée du siège, à Rillieux-la-Pape Rhône). Cinq salariées ont été assignées par la direction patronale en référé devant le tribunal à Lyon.
Un accord est intervenu entre la direction et les syndicats le 28/09. L’accord sur les primes de licenciement a été soumis au vote des salariées le mercredi. "Sur 147 votants, il y a eu 118 pour, 26 contre et une abstention", a indiqué la déléguée du personnel CFDT. Le blocage était levé à partir de 14h00. L’accord prévoit 15.000 euros d’indemnité supra-légale par salariée licenciée, assortis de 600 euros par an pour les cinq premières années d’ancienneté, puis 500 euros pour les années suivantes. La direction paiera les jours de grève et devait lever l’assignation contre 5 grévistes.
Piper-Heidsieck (Reims, viticulture-champagne).
Les salariés de la maison de champagne Piper-Heidsieck à Reims ont commencé vendredi 17/09 une grève illimitée contre les modalités d’application d’un « plan social » touchant un quart des effectifs. En février, la direction patronale de Piper-Heidsieck avait annoncé la suppression de 45 postes, principalement en production, sur les 160 que compte la maison de champagne. "La direction propose l’étalement des départs volontaires jusqu’en 2013 contre un gel des salaires et un blocage des intéressements. C’est un chantage au maintien à l’emploi inacceptable", a dit le secrétaire général du syndicat CGT du champagne. "L’expérience montre que quand les salariés renoncent à leurs avantages, ils sont quand même licenciés", a poursuivi le syndicaliste.
Le collège ouvrier, composé d’environ 80 travailleurs, bloquait le site de production de Piper-Heidsieck à Reims, alors que les vendanges venaient de commencer dans le vignoble champenois.
Le champagne Piper-Heidsieck, qui appartient depuis 1988 au groupe Remy Cointreau, exploite un domaine de 65 hectares de vignes pour une production de 9 millions de bouteilles (dont 80% pour l’export). Son chiffre d’affaires en 2009 était de 138 millions d’euros.
Conditions de travail
Facteurs de Moselle.
90 des facteurs de Metz, Fameck, Moyeuvre et Amnéville étaient en grève le 02/09/10. D’après la direction de la Poste plus d’une tournée sur deux n’a pas été assurée.
La lutte vise notamment à obtenir davantage de repos en fin de semaine et des compensations d’une nouvelle organisation.
A l’issue de négociations, les postiers grévistes de Fameck, Moyeuvre et Amnéville ont décidé de suspendre leur arrêt de travail, notamment après que la direction s’est engagée à lancer des appels à candidatures lors de vacances d’emploi.
En cas d’échec des négociations sur Metz, le mouvement de grève pourrait se
poursuivre, a cependant affirmé le délégué CGT.
Postiers de Toulouse.
Quatorze des 54 tournées sont actuellement assurées par les facteurs de la plateforme de Plaisance-du-Touch./ DDM, archives
En septembre, 70 % des facteurs qui dépendent de la plateforme de préparation et de distribution du courrier de Plaisance-du-Touch ont fait grève.
Sur 54 tournées desservant ce secteur géographique, seules 14 sont actuellement assurées (2). Les postiers grévistes dénoncent « une forte dégradation des conditions de travail depuis le mois de mai », période qui coïncide avec une réorganisation du site. « Quatre emplois ont été supprimés, ce qui équivaut à une dizaine de positions de travail. "Notre charge de travail s’est donc accrue, déplore un salarié en grève. Désormais, on commence plus tôt pour finir plus tard. Les facteurs souffrent ».
Les discussions entamées entre direction et personnel gréviste n’ont abouti à aucun accord.
Chaque matin, en assemblée générale, les facteurs votent ou non la reconduction du mouvement. « Si on pouvait se passer d’une telle action, on le ferait. Financièrement et moralement, c’est dur », souligne une employée en grève.
Retraite/Emploi
Bassins pétroliers de Fos, (Energie, Bouches-du-Rhône).
Les deux terminaux pétroliers publics de Fos-Lavera (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, étaient paralysés le mardi 28 septembre par une grève des ouvriers du port, entraînant l’attente au large de 30 pétroliers. Selon le secrétaire général de la CGT des agents du port, le mouvement, reconductible par 24 heures, a démarré le lundi, contre l’application de la réforme portuaire. Revendications qui ne vont pas tardées à faire la jonction avec l’affrontement sur les retraites contre le gouvernement. Le 03 octobre, c’est 3 navires de croisière qui ont été détournés vers Toulon et Sète.
Les deux navires, des compagnies MSC et Bleu de France, transportaient quelque 6.000 voyageurs au total.
Le samedi, deux navires de croisière avaient déjà débarquer leurs passagers en chaloupes.
Tous les accès au port de Marseille-Fos sont bloqués par le personnel et les dockers dans le cadre de la journée d’action nationale contre la réforme portuaire.
Les terminaux pétroliers de Lavera et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), où aucune activité n’est constatée sont également bloqués contre la création d’une filiale pour gérer ces terminaux.
Le mouvement de lutte affecte notamment l’approvisionnement en gasoil de la Corse, où très peu de stations-service de l’île, notamment dans les villes principales, disposaient encore de ce carburant dimanche.
A ce stade pour le syndicat CGT des agents des bassins Est et des terminaux pétroliers, "tous les scénarios sont possibles", le mouvement pouvant se durcir comme s’assouplir.
Une conférence de presse de l’ensemble des syndicats CGT des entreprises de la pétrochimie doit se tenir lundi 04 octobre à Martigues.
"Nous déciderons sous quelle forme nous entrons dans le mouvement puisqu’il existe une convergence sur la réforme des retraites", a expliqué le responsable de l’union départementale CGT pour l’industrie pétrolière.
Les syndicats CGT des entreprises de pétrochimie de l’étang de Berre ont finalement annoncé, lors d’une conférence de presse à Martigues, "des actions collectives de pression et de communication" avant le 12 octobre (manifestion et grève contre le projet de retraite du gouvernement), sans exclure des opérations de blocage.
Ces initiatives, "médiatiques et populaires", porteront à la fois sur les retraites et la défense de l’outil industriel et de raffinage, a précisé le membre du collectif CGT de l’union régionale des industries chimiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca).
Les actions devraient se dérouler avant la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites le 12 octobre. "Le gouvernement parle d’essoufflement, nous avons la prétention de leur montrer qu’il n’y en a pas et que la brise du mécontentement va se lever", a-t-il ajouté.
Des salariés de Total, Esso, LyondellBasel (ex-Shell), Ineos (ex-BP) et Arkema étaient présents à cette conférence de presse, organisée conjointement avec la CGT des agents des bassins Est et des terminaux pétroliers de Lavera et Fos-sur-Mer.
Lundi, 41 pétroliers étaient en attente au large de ces terminaux, qui permettent l’approvisionnement par oléoduc de six des douze raffineries françaises. Le chiffre montera à une cinquantaine de pétroliers.
Mercredi 6 octobre, les agents des bassins Est ont voté en assemblée générale un arrêt de travail de 24 heures tandis que leurs collègues des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera ont reconduit leur mouvement pour le dixième jour consécutif.
Avec pour conséquence principale de ce blocage d’une quarantaine de navires en rade de Fos et Lavera : une pénurie de gasoil en Corse.
Le mouvement de protestation, aiguisé par la réforme des retraites, pourrait s’étendre aux quatre raffineries situées autour de l’étang de Berre.
47 navires étaient toujours en rade de Fos (4 chimiquiers, 9 navires de propane/butane, 17 pétroliers de brut, 15 de raffinés et 2 barges.
Six raffineries sont affectées par ce mouvement : les quatre de l’étang de Berre, la raffinerie de Feyzin, près de Lyon (Rhône), et celle de Reichstett (Bas-Rhin).
"Nous ne pouvons tolérer que le gouvernement joue la carte de l’enlisement", a expliqué le secrétaire CGT. "Nous ne lâcherons pas, nous sommes prêts à engager le bras de fer au-delà du 12, avec en point de mire certainement une pénurie de carburant dans les prochains jours".
51 navires étaient affectés : 3 péniches sont en poste d’attente à Fos tandis que 3 chimiquiers, 9 navires propane/butane, 13 pétroliers de brut et 15 pétroliers de pétrole raffiné sont stationnés en rade. Huit navires (5 de pétrole brut, 1 chimiquier et 2 navires propane/butane) ont été positionnés au large des bassins de Marseille pour des raisons de sécurité de mouillage.
Chez Total, Esso et LyondellBasel, la grève ne devrait commencer en revanche que le 12 octobre, journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites.
Cependant, chez Total, l’activité pourrait cesser dimanche, la raffinerie n’étant plus alimentée en pétrole brut en raison de la grève.
La mobilisation dans le raffinage vise aussi à défendre l’outil industriel, menacé, selon les syndicats, par le projet de dépôt pétrolier d’Oiltanking Mediaco Marseille (OTMM) à Fos, qui favoriserait les importations de produits raffinés.
Toute notre classe solidaire des grévistes des raffineries et ports ! Organisons des caisses de solidarité pour qu’ils tiennent le plus longtemps possible et rejoignons-les sur les piquets partout où nous le pouvons ! !
L’URCF salue aussi toutes les luttes de classes dans les entreprises et ailleurs. Salut de lutte aux travailleurs : de S3G d’Estillac (imprimerie, Bordeaux), Sanofi-Aventis (Porcheville, groupe américain Covance), aux adhérents de la Confédération paysanne en grève de la faim, facteurs de la Poste de Rouen.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat, sur tout le territoire, auto-organisons-nous en comités de lutte ! Rejoignons massivement les luttes continues multiformes et bloquantes pour nos droits à la retraite. Soutenons partout où cela est possible les blocages des secteurs clés de l’économie en faisant tourner par exemple des caisses de solidarités-grévistes dans toutes la population !
Retrouvez sur notre site internet, notre programme de lutte et de Révolution sous le thème : « Le socialisme : seule alternative au capitalisme ».
Le 9 octobre 2010,
Commission ouvrière et d’entreprises de l’URCF