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Haïti : aide humanitaire ou intervention militaire ?
mercredi 20 janvier 2010
L’URCF exprime sa solidarité avec le peuple frère d’Haïti, victime d’un séisme majeur qui s’ajoute à tant de malheurs naturels, mais aussi au pillage en règle, séculaire, par le colonialisme et l’impérialisme.
Les médias évoquent l’un des pays les plus pauvres de la planète, mais sans jamais analyser les sources de cette misère extrême. Les images de la télévision ne montrent pas la solidarité entre Haïtiens qui se manifeste à Port au Prince et dans le pays. Les caméras s’attardent sur les scènes de pillage, d’exécutions. Les grandes puissances capitalistes cherchent à accréditer l’idée d’un pays dans l’incapacité de se gouverner, diffuse même un racisme latent sur la « sauvagerie » de ce peuple.
Haïti a été le lieu de la première lutte anticoloniale et anti-esclavagiste victorieuse, en 1804 contre les troupes françaises de Napoléon. Ce sont les insurgés haïtiens dirigés par Toussaint-Louverture qui défendaient en réalité les principes de liberté et d’indépendance des peuples, mis en avant par la révolution démocratique bourgeoise française et abandonnés à partir de Thermidor.
Les puissances coloniales allaient reprendre ce qu’elles avaient concédé par la force des armes. En 1825 et les années suivantes, la France, pour reconnaître l’indépendance, exigea le paiement exorbitant de 150 millions de francs (le budget annuel de la France à l’époque) soit aujourd’hui 21 milliards de dollars.
Ce sont les grandes puissances capitalistes qui sont responsables de la misère du peuple haïtien, nullement la « fatalité » ou « l’arriération » de ce peuple. Les Etats-Unis colonisèrent Haïti de 1915 à 1934. Ensuite, l’impérialisme américain et international allait s’appuyer sur ses marionnettes compradores qui saignèrent le pays pour les profits des multinationales, du sinistre Duvalier à son fils, d’Aristide à Préval. Bourgeoisie compradore qui n’a cessé également de voler son peuple, puisque la fortune de la famille Duvalier dont le fils « baby doc » fut accueilli par Mitterrand, est évaluée à 900 millions de dollars !
La dette d’Haïti se monte à 1 884 millions de dollars, dont 321 millions pour les seuls intérêts de la dette, 80 % de ce montant étant détenus par la Banque mondiale. Aujourd’hui, Haïti n’a pas les ressources pour soigner ses blessés, enterrer ses morts, reconstruire le pays. L’exemple du tsunami en Asie montre que la majorité des dons et aides internationales est allée enrichir les monopoles internationaux et la bourgeoisie locale.
De plus, l’écroulement de l’Etat néo-colonisé est l’occasion pour les troupes US de déferler sur Haïti dont elles contrôlent l’aéroport et le gouvernement, ainsi que les aides internationales. Des airs, leurs hélicoptères et avions jettent la nourriture, ce qui prive les plus affaiblis d’une véritable alimentation. Pour l’impérialisme américain, l’objectif est de recoloniser totalement Haïti. L’URCF exige le retrait des troupes US, puisque les casques bleus de l’ONU sont sur place pour garantir la « sécurité publique ».
Aide humanitaire : OUI ! Intervention militaire : NON !
La situation tragique d’Haïti appelle, outre les dons de tous ceux qui sont solidaires, que les fauteurs de misère soient les payeurs.
L’URCF veut faire grandir l’exigence du remboursement des 21 milliards spoliés au peuple haïtien (par l’Etat français), sous forme de fonds de réparation, ainsi que l’annulation totale de la dette d’Haïti par toutes les grandes puissances capitalistes, afin que les fonds restitués puissent financer la reconstruction et le développement.
L’URCF agira pour faire grandir l’exigence d’annulation de la dette comme seule solution véritablement humanitaire à la tragédie vécue par le peuple d’Haïti.
Bureau de l’URCF. Le 20 janvier 2010