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Extradition de Becerra vers la Colombie : le KKE s’exprime

dimanche 19 juin 2011

HONTEUX ET DANGEREUX

SUR L’ARRESTATION ET L’EXTRADITION DE JOAQUIN PEREZ BECERRA

Eliseos VAGENAS membre du CC du Parti communiste de Grèce (KKE)

(publié dans Riszospastis, organe du KKE et dans Russie Ouvrière organe du Parti Communiste Ouvrier de Russie)

La détention par les autorités vénézuéliennes et l’extradition le 23 avril 2011 vers la Colombie de Joaquin Perez Becerra (Union Patriotique accusé d’être membre des FARC), également citoyen suédois est un évènement de mauvais augure.

Le combat contre le régime sanguinaire colombien a été livré dans le passé par le gouvernement vénézuélien et son chef qui ont proclamé la « révolution » et se sont fortement opposés aux Etats-Unis et au néo-libéralisme, en ayant de plus de bonnes relations avec Cuba socialiste.

L’action d’extradition ne peut être justifiée par les déclarations de Chavez selon lesquelles, « il était dans une impasse », en raison de la « circulaire rouge » d’Interpol, base pour les recherches de « terroristes » par les Etats-Unis et la Colombie.

De telles excuses ne convainquent personne. Au lieu de cela, on pense aux progressistes qui intègrent le concept de soi-disant « guerre contre le terrorisme ».

En 2002, la Conférence Internationale regroupant 62 partis communistes et Ouvriers a noté : « Les évènements du 11 septembre sont devenus l’occasion pour une attaque sans précédent contre les libertés et les droits souverains des nations sous prétexte de lutte contre le terrorisme.

Sont taxés de « terroristes » par les impérialistes, tout mouvement de résistance contre la mondialisation capitaliste et les décisions antipopulaires prises par les institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, OMC…), ainsi que tout mouvement de libération nationale et sociale contre les régimes fascistes dictatoriaux » (Revue Internationale des PC et ouvriers.2002)

Qui a changé ?

Avant de quitter la Colombie pour la Suède en 1994 dans le cadre de la politique d’émigration, Becerra a été élu conseiller municipal de la ville de Corinto sur la liste de « l’Union Patriotique » (UP) - structure légale reconnue pour participer aux élections locales, législatives, présidentielles en Colombie -.

Le régime réactionnaire et ses escadrons de la mort ont assassiné les 2 candidats successifs à la présidence de l’UP, 13 députés, 8 sénateurs, 11 maires, 70 conseillers municipaux et des milliers de syndicalistes, paysans, étudiants.

Les crimes se poursuivent aujourd’hui. La vie de Becerra est en danger. Lors d’une précédente tentative d’assassinat contre lui, sa femme a été tuée.

Le gouvernement colombien estime que Becerra est un dirigeant de l’héroïque organisation de guerilla - les Forces Armées révolutionnaires de Colombie -, les FARC, que les Etats-Unis et l’Union européenne considèrent comme une organisation terroriste.

Arguments sur la question de la légalité

Beaucoup affirment que la honteuse clause d’extradition des autorités colombiennes est illégale. D’autres non. L’action de Chavez ne peut être traitée uniquement par les critères juridiques, sur la base du fait qu’elle serait « légitime » et compatible avec le droit international.

Non seulement parce qu’au cours des vingt dernières années, le droit international a été réinterprété en conformité avec les seuls intérêts des puissances impérialistes et ainsi le droit a ainsi changé de contenu, en cessant de résulter du rapport de forces entre l’URSS et le socialisme d’une part et le capitalisme de l’autre.

Cela se voit clairement dans l’utilisation des Nations unies dans la mise en œuvre des interventions impérialistes, ainsi que les changements constants du droit international dans un sens réactionnaire. Par exemple, introduire le concept de « terrorisme », de « radicalisme », « d’extrémisme » que la bourgeoisie utilise comme prétexte pour réprimer les mouvements populaires.

Par conséquent, cette action ne doit pas être considérée sous le seul angle juridique, d’autant plus qu’il y a déjà eu le précédent de 3 guerilleros colombiens arrêtés au Venezuela et expulsés vers la Colombie.

Pour le mouvement communiste et anti-impérialiste international, il est nécessaire d’examiner les véritables raisons et d’en tirer les conclusions.

Rejet de la stratégie de confrontation

Chavez a fait une déclaration éloquente sur le combat contre l’impérialisme en évoquant des « raisons patriotiques » pour que « le pays ne soit pas accusé de complicité avec le terrorisme ».

Cette position ne tombe pas du ciel, elle a été précédée par l’expulsion des FARC du Forum de Sao Paulo à la demande des partis sociaux-démocrates et de gauche au pouvoir en Amérique latine.

Dans les documents de son 18ème Congrès, le Parti communiste de Grèce (KKE) écrit que « Dans l’Amérique latine en particulier et dans le monde existent des tentatives de condamner la lutte armée des FARC ou de les faire renoncer. Une telle position politique qui est largement adoptée par les forces pro-impérialistes est soutenue par l’opportunisme aux préoccupations réformistes. Elle s’applique à la liberté de circulation ou au droit de défense contre la répression de la bourgeoisie y compris par le recours aux armes.
Pour l’essentiel, cette position favorise le refus du passage à la confrontation politique avec la bourgeoisie
 ».

La position dangereuse du vide « anti-impérialiste »

Un certain nombre de partis participant au Forum de Sao Paulo, dont le parti de Chavez (PSUV,) envisagent la lutte contre l’impérialisme en la limitant aux Etats-Unis qu’ils appellent « l’Empire ».

En fait ces forces résument l’impérialisme à la seule « dépendance » à l’égard des puissances étrangères, aux interventions américaines et à la restriction des droits nationaux. Elles ignorent l’impérialisme comme capitalisme de monopoles parvenu au stade suprême, elles ne voient pas que tous les pays capitalistes sont imbriqués dans le système impérialisme, indépendamment de leur niveau de développement économique.

Ainsi ces forces ne comprennent pas (ou ne veulent pas comprendre) que les rapports de dépendance au sein du système impérialiste proviennent de l’inégalité de développement au sein du capitalisme et ne peuvent être résolus en faveur des peuples que si chaque pays se libère des entraves qui le lient au système impérialiste, avec une politique juste si elle organise son économie pour répondre aux besoins populaires par la socialisation des moyens de production, l’utilisation d’une planification centrale et de nouveaux rapports de production.
En d’autres termes, ces forces nient les lois fondamentales de la révolution et de l’édification socialistes, telle que la dictature du prolétariat.

Au lieu de cela, ces forces ont crée un « autre socialisme », le « socialisme du XXIème siècle » - en fait une variante du capitalisme, expression de la classe bourgeoise d’un pays dépendant pour améliorer sa situation dans la chaîne du système impérialiste.

Cette classe bourgeoise essaie d’accomplir son but avec des structures comme le MERCOSUR (marché commun d’Amérique latine), l’ALBA (alternative bolivarienne pour les Amériques), la CALC (communauté d’Amérique latine et des Caraïbes).

Ces processus socio-économiques visent à promouvoir et développer la convergence des classes bourgeoises dans la région.

Cela souligne que dans le cas de Becerra, il ne s’agit pas d’une simple erreur de Chavez, mais d’une décision consciente, en harmonie avec les liens avec la classe des propriétaires de capitaux en Amérique latine.
En outre le dégel des relations entre la Colombie et le Vénézuela après l’élection à la présidence de Juan Manuel Santos se fait alors que la Colombie accueille toujours des bases américaines sur son sol.

( traduit par nos soins.URCF)