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L’inclusion du Yuan chinois dans les Droits de Tirages Spéciaux (DTS) du FMI

lundi 18 janvier 2016

Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé le 30 novembre l’inclusion de la monnaie chinoise dans les droits de tirage spéciaux.

Quelles sont la signification et la portée de cette décision ?
Rappelons ce que sont les DTS. Le DTS n’est pas une monnaie mais un moyen d’échange entre Etats membres du FMI. Il est utilisé très rarement dans le commerce mondial.
Le DTS a été conçu en période de change fixe (1969). La fin des accords de Bretton Woods, le régime des changes flottants et la libéralisation des mouvements des capitaux l’ont rendu marginal. Les réserves en DTS représentent aujourd’hui 2,4% des réserves mondiales.
Il vaut environ 1,4 dollar américain, valeur variable puisque les monnaies constituant le panier varient au jour le jour. Approximativement au 15 janvier, les poids respectifs des monnaies dans le DTS sont les suivants : dollar (41,9%), euro (37,4%), livre sterling (11,3%), yen (9,4%). Les pays et la zone inclus dans le DTS représentent la moitié de l’économie mondiale. Avec l’inclusion de la Chine, ce poids devient 62%.
Le poids du yuan serait de 10,9% dans la nouvelle composition. Moins de 3% du commerce mondial se règlent en yuan.
Le point de vue de la Chine, c’est que la prééminence du Dollar dans les échanges internationaux ne correspond plus à la réalité. Les échanges commerciaux entre la Chine et le reste du Monde, USA inclus, ont explosé au cours des trente dernières années et une partie importante de ce commerce est libellée en Yuan. La création récente d’une Banque Asiatique d’Investissements pour les Infrastructures (BAII) à laquelle participent plus de 40 pays dont la France, La Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse… qui en sont des membres fondateurs, pèsera évidemment sur l’ordre financier mondial. La Chine comme deuxième puissance économique mondiale cherche donc à accélérer son intégration dans le système financier international.
Si le FMI, sous la pression américaine, a longtemps tenté de tenir la monnaie chinoise hors du système international de change, les évolutions économiques, sociales et politiques de ce pays combinées à son poids international ne pouvaient permettre de différer la reconnaissance du Yuan. Au-delà de ces considérations, le FMI comme représentant des grands pays impérialistes ne peut pas négliger l’intégration de plus en plus poussée de la Chine, comme pays où le capitalisme des monopoles se développe vigoureusement, dans le système impérialiste lui-même. Si la Chine fait aujourd’hui parler d’elle en termes de « kraks » boursiers, il ne faut pas oublier, qu’elle mène une restructuration profonde de son économie vers ce qu’elle nomme une économie « socialiste de marché » qui n’est autre que le développement d’une économie capitaliste de monopoles. De ce point de vue, la réforme de son système financier pour répondre aux besoins d’internationalisation de son économie exige que sa monnaie joue un rôle en particulier au travers des institutions capitalistes internationales.
Le FMI ne s’y est pas trompé, s’il a conclu que la monnaie Chinoise remplissait le premier critère pour sa présence dans le panier des devises contributives au DTS, à savoir son poids dans les échanges internationaux, il ne s’est pas formalisé du fait que la monnaie chinoise restait largement sous le contrôle du pouvoir politique au lieu que sa valeur ne soit déterminée par le marché capitaliste mondial. Le FMI s’est expliqué sur cette question, il estime que l’entrée du Yuan dans les DST permettra aux dirigeants chinois d’accélérer la réforme des institutions financières vers leur privatisation (déjà cinq banques privées peuvent exercer en Chine et à l’étranger) tandis que se prépare un programme de grande ampleur de fusion acquisition des entreprises publiques pour en réduire drastiquement le nombre et les ériger en monopoles privés ou public opérant sur le marché international.
Quand on mesure la place des entreprises monopolistiques chinoises, le dynamisme dans le commerce international comme dans celui des acquisitions et investissements, on peut dire aujourd’hui que ce pays a accédé au stade du capitalisme monopoliste et qu’il constitue un nouveau pôle impérialiste dans le Monde.