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IC 93 : Les luttes continuent malgré le silence médiatique

mercredi 1er juillet 2009

Ces trois derniers mois encore, les ouvriers ont lutté dans des centaines d’entreprises, luttes que les directions syndicales ont refusé d’unifier. Retrouvez sur notre site www.urcf.net l’analyse communiste mensuelle des luttes d’entreprises.

Goodyear (Pneumatiques, Amiens)

Mardi 2 juin, 400 à 500 ouvriers grévistes de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord bloquaient leur établissement, pour protester contre le licenciement de 820 des 1 400 employés du site. Réunis devant leur usine, les salariés de Goodyear ont enflammé des palettes et des pneus. 1 500 salariés Goodyear Dunlop d’Amiens-Nord et Continental de Clairoix (Oise) ont manifesté ensemble pour dénoncer la prochaine fermeture de leurs usines. "Nous avons beaucoup de leçons à tirer du combat de 2 mois et demi des salariés de Continental", a estimé le secrétaire CGT (majoritaire) du site, évoquant un "exemple à suivre", et ajoutant que la priorité des salariés de Goodyear était d’abord de sauver leurs emplois. La direction du groupe, qui emploie 3 500 personnes en France, a notamment mis en avant le refus de la CGT, syndicat majoritaire, d’accepter en juillet 2008 une nouvelle organisation du travail en "4x8" ! Les manifestants ont forcé les grilles de l’usine voisine Goodyear Dunlop d’Amiens-Sud et brièvement envahi les ateliers avant de reprendre leur marche vers le centre-ville d’Amiens. Les salariés de l’usine d’Amiens-Sud avaient majoritairement accepté la nouvelle organisation du travail. "Les 4x8, comme les 40 heures (signées en 2007 chez Continental), c’est de la poudre aux yeux", ont fustigé les travailleurs en lutte. "Aujourd’hui, j’ai la haine envers la direction, la haine pour les licenciements qu’il va y avoir", a déclaré un opérateur de 36 ans. En plus de leur soutien, les véritables communistes apporteront à ces ouvriers la conscience anticapitaliste, par la démonstration que la propriété privée (patrons, actionnaires…) des moyens de production est la source de tous les maux dont souffrent les prolétaires.

STMicroelectronics (Semi-conducteurs, Bouches-du-Rhône)

Les salariés de STMicroelectronics, à Rousset (Bouches-du-Rhône), sont en grève depuis le 27 mai pour réclamer notamment des hausses de salaires. La dernière partie de la chaîne de fabrication des cartes à puces est bloquée et plus aucune pièce ne sort. Depuis le début de l’année, "un mois de chômage et des congés payés ont été posés autoritairement" ainsi qu’un "gel des augmentations de salaires pour 2009 et l’arrêt des contrats CDD et intérimaires", a détaillé la CGT dans un tract.

À l’opposé, les actionnaires vont se partager pas moins de 120 millions de dollars et les 23 plus hauts dirigeants (...) plus de 40 millions d’euros de salaire annuel. Une illustration de l’aberration qu’est le capitalisme : de l’entreprise à l’État, quelques-uns s’approprient les richesses créées par tous les travailleurs comme c’est la loi sous le capitalisme ! Deux mondes, deux classes : salaires contre profits !

"Nous sommes donc en grève pour exiger une augmentation de salaires, une prime exceptionnelle pour compenser les pertes de salaires dues au chômage, la réattribution des congés imposés en début d’année, la garantie du paiement à 100% des jours de chômage et la reprise des investissements dans l’entreprise", demande la CGT.

Le fabricant de semi-conducteurs dont l’État est actionnaire, compte environ 10 000 salariés en France et 50 000 salariés dans le monde, et va supprimer 4 500 emplois dans le monde en 2009. La France est touchée par "des départs volontaires".

Notre intérêt de classe : pas une seule suppression d’emploi !

Tapons dans les coffres des banques, de l’État et des multinationales !

Michelin (Pneumatiques)

En mai déjà, des ouvriers de Michelin ont manifesté pour des hausses de salaire, une meilleure indemnisation du chômage partiel, et pour alerter des risques sur l’emploi, à Clermont-Ferrand devant l’assemblée générale des actionnaires. Repoussant les barrières, des manifestants, à l’appel des syndicats CGT et SUD, ont pénétré brièvement dans le hall du Polydôme où se réunissait l’Assemblée générale, avant d’être évacués par les forces de l’ordre, qui ont ensuite fait barrage devant l’entrée du bâtiment. Les manifestants scandaient :

"Du pognon pour nos salaires, pas pour les actionnaires !" ou "Emplois, salaires, prenons sur les profits des actionnaires !". "Ce n’est pas aux salariés de payer une crise dont ils ne sont pas responsables", a dit le délégué national de SUD.

Le groupe monopoliste Michelin met les salariés au chômage partiel et revoit à la baisse les salaires alors que le groupe se porte bien avec 3 milliards d’euros de bénéfices en 5 ans.

La direction répond dans un premier temps que les réductions d’activité en France n’ont "pratiquement pas eu d’impact sur les revenus des salariés" au premier trimestre, avec notamment la mise en œuvre de deux semaines de formation. Une analyse de classe montre que ces propos sont mensongers. La formation des ouvriers est toujours payée majoritairement par les finances de l’État capitaliste qui ponctionne l’impôt sur le peuple-travailleur. Ce sont donc tous les travailleurs qui payent ! C’est la même musique pour le chômage partiel !

Le chômage partiel n’a aucune raison d’exister au regard des profits que les entreprises engrangent hier, aujourd’hui ou demain. Souvent, en préalable, le choix des congés ou RTT non utilisés sont imposés par le patron. Enfin le chômage partiel est financé avec les fonds publics des Assedic (assurance chômage), c’est-à-dire payé avec les cotisations prélevées sur tous les travailleurs : 170 milliards octroyés par les Assedic pour payer le chômage partiel en 2008. Seulement 1% des dividendes versés suffirait à maintenir l’activité de cette fin d’année. Cette escroquerie organisée par la bourgeoisie consiste à gagner en productivité, en « flexibilisant » l’outil de travail, en prenant les congés, les RTT, les récupérations des salariés, en ayant recours au chômage partiel, pour que demain, l’outil de production tourne à plein régime, quitte à allonger le temps de travail du salariat pour créer plus de profits et remplir leurs coffres-forts. Les jours non travaillés doivent être payés intégralement par l’entreprise. Elle est seule responsable de cette situation, le patronat doit payer ! C’est finalement en juin, quelques jours après l’avoir nié, que la direction de Michelin annonce sa charrette de licenciements et de suppressions d’emplois : « un plan de réorganisation » prévoyant 1 093 suppressions de postes dès 2010 et la fermeture d’une usine près de Lille. Les salariés de trois sites sont concernés par ces suppressions de postes : Tours (340 postes sur 1 300), Montceau-les-Mines (477 postes sur 1 400) et Noyelles-les-Seclin (Nord, 276 postes), près de Lille, que Michelin veut fermer. Chaque fois qu’il y a eu des plans sociaux chez Michelin, il y a toujours eu des licenciements à la clé. Pour empêcher ces suppressions d’emplois et les licenciements, les ouvriers de Michelin devront organiser la lutte de toutes les usines du groupe, par la grève en bloquant les profits et en gagnant la solidarité de toute la population dans des comités locaux et nationaux.

L’URCF lutte pour la nationalisation sans indemnités de ces monopoles rapaces.

Dans le secteur de l’automobile, sinistré par les choix patronaux, l’URCF avance la revendication démocratique de création d’un vaste pôle de service public par la nationalisation sans indemnités des grands groupes automobiles et de leurs sous-traitants, afin de satisfaire les besoins, et d’assurer les emplois.