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Congrès du KKE : message de l’URCF

samedi 13 avril 2013

Chers Camarades,

L’Union Révolutionnaire Communiste de France salue fraternellement le 19ème Congrès du Parti Communiste de Grèce, parti dont la renommée est telle dans le mouvement communiste et ouvrier que tout le monde l’appelle par ses initiales grecques KKE.

Votre congrès est un moment important de l’existence du Mouvement Communiste International.

La crise générale du capitalisme, à son stade ultime l’impérialisme, s’est brutalement aiguisée depuis quelques années. C’est une crise globale qui affecte toutes les facettes de la vie sociale, économique et financière, culturelle, politique, mais aussi écologique. Cela traduit le fait que le système d’exploitation de l’homme par l’homme, reposant sur la propriété privée des moyens de production et d’échange et sur la domination de ceux qui possèdent cette propriété, est au bout du rouleau, même si à l’échelle des individus cela peut sembler long ! La profondeur des contradictions du système et leur ampleur sont telles que le capitalisme impérialiste ne sortira pas de la crise, et que les quelques solutions qu’il avance ou va avancer ne feront que relancer les manifestations de celle-ci en les amplifiant à chaque fois. Plus que jamais se révèle le dilemme entre « socialisme et barbarie » : les politiques qui sont mises en place par les monopoles et le capital financier réduisent à la misère et à l’insécurité les masses populaires, l’exploitation de la classe ouvrière est accentuée au niveau de l’intolérable, les travailleurs indépendants et les paysans connaissent une détérioration de leurs conditions de vie et de travail. Aujourd’hui, même la petite et moyenne bourgeoisie, les couches intermédiaires sont touchées. Dans votre pays, comme en Italie, au Portugal, en Espagne, en Irlande, à Chypre, l’ampleur de la crise du capitalisme apparaît au grand jour, mais en réalité à de rares exceptions près, l’ensemble du monde capitaliste est touché. C’est comme un immense tsunami qui balaye sur son passage toutes les conquêtes sociales, tout ce que le mouvement ouvrier et démocratique a conquis au cours du XXème siècle dans sa défense contre l’exploitation et la misère : le pouvoir d’achat est à la baisse, les systèmes de sécurité sociale sont saccagés, l’enseignement est sacrifié ; quant aux retraites, pour les nouvelles générations cela apparaît comme un rêve inaccessible. Les services publics sont mis à l’encan, bradés au capital financier quand ils peuvent être rentables, purement et simplement supprimés ou réduits à n’avoir qu’une fonction caritative dans le cas contraire. Les secteurs nationalisés sont privatisés dans des conditions qui confinent avec l’escroquerie au profit des monopoles. Et dans le même temps, nous assistons à la restriction des droits démocratiques, au renforcement de l’autoritarisme et du contrôle policier. Partout ou presque dans l’UE sont mis en place des systèmes électoraux sophistiqués qui empêchent ou réduisent toute possibilité d’expression populaire, tandis que les Parlements n’ont même plus en fait la fonction formelle qui était la leur à l’époque de la démocratie bourgeoise ! C’est la course à la militarisation, et à la guerre pour conserver ou élargir les marchés et le contrôle des matières premières. Aujourd’hui la France impérialiste, en plus de ses bases militaires traditionnelles dans ces anciennes colonies, a participé ou participe depuis 1999 aux guerres, en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye, en Côte d’Ivoire, au Mali, joue aux gendarmes le long des côtes de Somalie, et rêve tout haut de reconquérir la Syrie, tout en arrosant largement les bandes de mercenaires qui y perpétuent leurs crimes contre la population. Bref, comme le soulignait Lénine, l’impérialisme se révèle bien comme étant la réaction sur toute la ligne.

Cette offensive contre le prolétariat et les peuples a été facilitée par la victoire de la contre-révolution en Union Soviétique et à l’Est de l’Europe, dont elle est en même temps partie intégrante. Car chacun est à même de comprendre que la plupart des acquis du prolétariat au XXème siècle, dans chaque pays, sont liés à l’existence de l’Union Soviétique, dont d’une part l’existence comme pays socialiste contraignait les bourgeoisies impérialistes à des concessions pour tenter, avec l’aide de la social-démocratie, de construire des pare-feux contre la révolution, et d’autre part au fait que la victoire de l’Union Soviétique contre le fascisme et la part des communistes dans les mouvements de résistance soulignait le caractère de classe de la défaite du nazi-fascisme en 1945 ! Et en même temps, la contre-révolution, conjuguée à la capitulation et la trahison d’un certains nombre de directions des partis communistes et ouvriers y compris avant le renversement du socialisme, comme le courant eurocommuniste, explique le retard global de la riposte de la classe ouvrière à l’offensive du grand Capital, et le fait que dans de nombreux pays celle-ci soit toujours sous l’influence de la social-démocratie, ce courant au service de la bourgeoisie impérialiste pour lui enchainer la classe ouvrière.

Dans ce contexte politique difficile, l’URCF apprécie hautement l’apport théorique et politique du KKE au mouvement révolutionnaire international. Vos analyses, votre action, nous sont précieuses dans notre bataille pour la reconstruction d’un Parti Communiste authentique, assimilant l’héritage du marxisme-léninisme et le fécondant avec audace. Nous sommes convaincus que la crise n’a d’autre issue que la révolution sociale qui permettra d’édifier le socialisme vers le communisme à partir du pouvoir de la classe ouvrière, de la propriété collective des moyens de production et d’échange, et de leur gestion par les travailleurs dans le cadre de la planification centralisée. Il n’y a pas d’autres alternatives au plan historique, car le capitalisme a fait son temps. La lutte révolutionnaire aujourd’hui en Europe nécessite de combattre contre cette forme généralisée de cartellisation monopoliste que constitue l’UE, ce d’autant qu’avec l’OTAN elle constitue un élément de renforcement de l’Etat bourgeois de chacun de ses composants. Il faut donc la renverser. Mais si nous dissocions cette bataille de la raison d’être des communistes, la lutte pour la révolution et le communisme, alors nous risquons de mettre la classe ouvrière à la remorque de certaines forces bourgeoises et de la conduire à la désillusion. Car si la racine de la crise est dans la baisse tendancielle du taux de profit, dans la suraccumulation du Capital, dans la contradiction entre le caractère social de la production et le caractère privé de l’appropriation et ce à l’échelle globale, alors il est clair que avec ou sans l’UE, avec ou sans l’euro, le capitalisme est et reste en crise. Nous partageons l’idée que l’on ne doit pas répéter la situation d’impasse dans laquelle le mouvement communiste s’est retrouvé, à son corps défendant, à la Libération en Europe occidentale ou après la chute des dernières dictatures fascistes sur le continent.

La bataille pour la reconstruction du mouvement communiste est une bataille ardue. Dans notre pays, l’eurocommunisme est largement parvenu à ses fins : il a détruit le mouvement prolétarien. Le mouvement syndical est aujourd’hui dominé par une bureaucratie réformiste capitularde, qui passe son temps à mener la chasse aux sorcières contre les syndicalistes de lutte de classe, ou dans les salons du « dialogue social » pour faire passer la pilule de l’austérité et tenter de neutraliser le mécontentement face à la politique de la social-démocratie qui prépare les conditions d’un plan d’austérité draconien et de poursuite de la casse sociale. Quand au PCF, il a même du mal à être, non pas l’ombre de lui-même, mais l’ombre de la social-démocratie. Parti d’élus et de cadres communaux des communes qu’il gère, il n’est préoccupé que par sa survie électorale ! Au plan idéologique, il ne sait plus quoi inventer pour donner des gages à la bourgeoisie à laquelle il a même donné des parts du capital du journal l’Humanité au marchand de canon et magnat de la presse Lagardère, ce dernier en ayant revendu une partie à… l’émirat du Qatar ! Cependant nous constatons tous les jours, aux portes des entreprises, dans la jeunesse, que les propositions que nous faisons ont un écho réel comme en témoigne l’impact de notre campagne pour la nationalisation sans indemnisation du groupe Peugeot SA, dont l’objectif est de remettre sur la table, dans les masses populaires, la question de la propriété des moyens de production et d’échange, ce que refusent les opportunistes du PGE. Le combat pour la reconstruction du Mouvement Communiste Internationale, sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien est pour nous vital dans notre tâche pour faire émerger un parti communiste en France. Nous partageons avec vous l’idée qu’il faut combattre toutes les formes de néo-Kautskisme dans le mouvement et qu’il faut une discussion ouverte, qui pose les problèmes de notre mouvement devant les travailleurs. Il faut aussi selon nous que la clarification se fasse : il y a aujourd’hui des partis qui usurpent le nom de communiste pour duper les travailleurs, il y a aujourd’hui des partis comme le PCF avec le PGE qui sont des virus dangereux pour le mouvement communiste international. À ce propos d’ailleurs, nous pouvons tirer de l’expérience une leçon : dans les années soixante-dix, votre parti a connu des moments forts difficiles en pleine dictature des colonels, de par le fait de ceux qui avaient la prétention de s’appeler parti communiste de l’intérieur et qui ambitionnent aujourd’hui la place du PASOK. À l’époque, le PCF, au nom de l’unité, témoignait pour le moins de la complaisance avec ces opportunistes anticommunistes, tout comme les partis espagnols et italiens. La suite a montré que cette attitude était la manifestation du fait que l’opportunisme et le révisionnisme, dont l’Eurocommunisme allait être le drapeau à partir de 1976, était en fait en train de l’emporter !

La conception matérialiste, dialectique et historique du monde, nous conforte dans la conviction que quelles que soit les difficultés que nous affrontons, les faits sont têtus. Là où la rivière a coulé, elle coulera de nouveau. Le capitalisme doit faire place au socialisme-communisme, non parce que nous l’avons décidé, pas plus que nous avons décrété le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la révolution, mais parce que les lois historiques sont ainsi. Mais cela ne peut se faire que si la classe ouvrière a la conscience de son rôle. C’est pourquoi elle a besoin d’un parti communiste, armé de la théorie marxiste-léniniste s’appuyant sur l’internationalisme prolétarien. Dans les conditions d’aujourd’hui, votre parti est à l’avant-garde de ce combat, notre combat, ici, en Grèce, mais aussi en Europe et dans le monde. C’est pourquoi nous estimons indispensable que se manifeste la solidarité prolétarienne des communistes du monde avec le KKE, au même titre qu’avec Cuba socialiste et avec la RPDC.

Vive le XIXe congrès du KKE et son apport au mouvement communiste International !
Vive l’unité des Partis communistes sur la base du Marxisme-Léninisme et de l’internationalisme prolétarien !
À bas l’Union Européenne du Capital, place à la révolution pour l’édification du socialisme et du communisme !
L’avenir est à la classe ouvrière et aux masses populaires. Nous vaincrons !